Rethinking America’s security : beyond cold war ton new order
Cet ouvrage est le résultat du travail de l’American Assembly de l’Université de Columbia et du Council on Foreign Relations qui publie la revue Foreign Affairs. Son but avoué est d’alimenter la pensée américaine sur la sécurité des États-Unis. Rassemblant une vingtaine de contributions il étudie successivement la mise sur pied d’un nouveau concept de la sécurité nationale et les moyens y afférant, le nouvel ordre international et les conséquences de la guerre du Golfe en allant bien au-delà jusqu’à l’étude du nouvel ordre mondial.
Nombre de réflexions sont fort intéressantes. Ernest May se demande si le nouvel ordre mondial verra s’élargir ce que les Américains considèrent comme leurs intérêts vitaux ou s’ils vont se contenter d’établir un périmètre de sécurité. Paul Wolfowitz, sous-secrétaire à la Défense, analyse la nouvelle stratégie nationale telle qu’elle a été présentée par le président Bush et le secrétaire Cheney : importance des alliances, présence « à l’avant », mobilité des forces pour répondre aux crises, « reconstitution » permettant de reformer de puissantes forces armées s’il en était besoin, dissuasion. T.C. Schelling insiste sur la dimension globale des problèmes.
Pour John Mearsheimer, le nouvel ordre mondial repose toujours sur les États-nations et les guerres restent possibles dans un monde instable. Henry Kissinger voit l’émergence de nouveaux centres de puissance, mais ordre veut-il dire domination ou équilibre ? Pour lui, les États-Unis ne pourront être partout à la fois et ils devront s’appuyer sur des alliances ; le conflit israélo-arabe est sans solution, l’Europe est déséquilibrée par la disparition de l’URSS. Richard Gardner se fait l’avocat d’un « internationalisme pratique » passant par les divers organismes internationaux pour s’opposer aux agressions armées et interdire la diffusion des moyens de destruction massive, le droit international étant insuffisant par lui-même pour maintenir la paix. Michael Doyle propose au monde l’idéal libéral.
Les leçons purement militaires de la guerre du Golfe sont malheureusement limitées à un article du général Odom qui est sans nuances. Il ramène tout aux divisions blindées et considère comme du gaspillage les troupes aéroportées, les forces amphibies, le « Marine Corps », les porte-avions, l’aviation stratégique. Il propose que l’armée de terre prenne à son compte l’aviation d’appui au sol si l’armée de l’air s’en désintéresse. Il attaque violemment la manière dont s’est effectué le transport maritime, sans se rendre compte des déficiences de la marine marchande américaine dans ce domaine. George Bail est très pessimiste sur le résultat des négociations israélo-arabes. Il pense que les États-Unis ont commis une grave erreur quand ils ont cru être chargés d’une mission divine et ont exclu les autres nations de cette affaire ; les Nations unies devraient prendre la suite.
Dans une conclusion générale, Gregory Treverton et Barbara A. Bicsler se demandent si le système américain de sécurité ne doit pas être profondément modifié. Ils proposent l’élargissement des compétences du Conseil national de sécurité et la création d’un conseil de sécurité économique. Pour eux, le rôle du Congrès doit rester majeur, mais les fondements de la stratégie américaine sont moins solides qu’au temps du « containment », ce qui favorise l’influence de nouveaux groupes de pression. De toute façon, il serait trop tôt pour modifier les institutions, mais il est grand temps de réfléchir à ce problème.
On voit que ce livre traite d’un très large éventail de sujets, avec des articles dont les auteurs sont, pour la plupart, de très grande valeur. ♦