Une géopolitique pour l’Europe. Vers une nouvelle Eurasie ?
Dans ce nouvel ouvrage, Pierre Béhar, professeur de civilisation et de lettres germaniques à l’Université de la Sarre, poursuit et approfondit la réflexion qu’il avait entamée dans L’Autriche-Hongrie, idée d’avenir, paru en 1991. Aujourd’hui, pense-t-il, l’Europe voit s’ouvrir une longue période de restructuration, prélude à un âge de stabilité tel qu’elle en avait connu traditionnellement tous les demi-siècles (1492-1521, 1589-1618, 1689-1718, 1789-1815, 1890-1919). Le reflux de l’empire russe présente de fortes analogies avec celui de l’Empire ottoman en 1919.
Pour l’auteur, l’Europe, reconstituée dans son intégralité, doit rétablir avec l’Asie des relations qui reflètent les liens géographiques qui les unissent. Aussi plaide-t-il pour un modèle confédéral, étendu, de proche en proche, à l’ensemble du continent. Aux côtés de la Communauté en voie d’élargissement, devraient figurer une fédération d’Europe centrale, des fédérations baltique et balkanique. Dans ce schéma vaste et ambitieux, la nécessité de consolider les contreforts de l’Europe s’impose. Le destin de la Turquie, que Bainville appelait « l’un des lieux les plus importants du monde », paraît vital et devrait être lié définitivement à celui de l’Europe. Une telle structure suppose acquise la stabilité de l’Europe centrale, achevée la construction européenne et conduite à bien la renaissance de la Russie. De bien ambitieuses mais nécessaires missions !
Quoi qu’il en soit, le lecteur trouvera dans ce bref et harmonieux ouvrage matière à réflexion. Des rappels historiques habilement présentés aux réflexions sur les évolutions en cours de notre continent, la pensée chemine avec aisance. L’Europe – ce cap extrême de l’Asie, comme l’avait décrite au début du siècle Paul Valéry – peut redevenir un nouveau pôle d’attraction ; elle le pense, elle le doit. Pierre Béhar en explore le chemin. ♦