La qualité totale : une nouvelle dimension de la défense. Son application à la conduite des programmes d’armement
Dans le cadre d’un cycle d’études supérieures spécialisées de défense, l’auteur a choisi ce thème de mémoire, qui touche de nombreuses disciplines de la science politique telles que : le droit international, le droit interne, l’économie et la finance, la communication, la sociologie, etc. Pour lui, c’est un vrai problème d’actualité, s’il en est, au moment où les événements de notre aire géopolitique d’influence semblent avoir échappé aux prévisions de nos stratèges en quittant la trajectoire Est-Ouest du schéma combien traditionnel des « bleus contre des rouges ». La guerre du Golfe n’est à cet égard qu’un épiphénomène, mais aussi, a contrario, une quasi-démonstration par l’absurde de sa thèse sur notre politique actuelle de défense dont « l’in(ter)dépendance étalonne l’aune de notre souveraineté ».
Cette thèse s’appuie sur le concept de qualité totale qui doit guider, en tant que principe fondamental, la doctrine française de défense de la France au sein de l’Europe, pour l’essentiel par une dissuasion nucléaire suffisante mais crédible du sanctuaire, et pour le reste par un dispositif de forces conventionnelles – réduites mais efficientes en dotant les professionnels qui les serviront de systèmes d’armes des plus sophistiqués – capables d’intervenir, à la mesure des enjeux et de notre aura internationale, en et hors Europe, seules ou de concert avec d’autres, à l’occasion d’éventuels conflits localisés. D’où l’importance de ce concept dans le domaine restreint mais crucial de la conduite des programmes d’armements classiques nucléaires ou mixtes, domaine dans lequel s’est, pour partie, volontairement cantonné l’auteur. Il s’appuie sur le Manuel des méthodes de conduite de programmes d’armements de la mission assurance de la qualité de la Délégation générale de l’armement (DGA).
L’ouvrage, après avoir rappelé dans une première partie l’évolution historique de la notion de qualité, puis dans une deuxième partie, celle de qualité totale dans la conduite des programmes d’armements, dans sa troisième partie, esquisse un début de réponse au vrai dilemme du juste partage des ressources et formule quelques suggestions.
Au moment où notre pays, comme ses principaux voisins ou partenaires en matière de défense, révisent leur politique de défense, ce mémoire, particulièrement documenté, porte une vision sans fard, même si parfois elle est un peu critique, sur la programmation des armements et notamment la conduite de celle-ci, qui est un des thèmes du rapport 1990 de la Cour des comptes. Il s’analyse comme un témoignage, voire un « testament » (l’auteur, ingénieur en chef de l’armement, a quitté le service actif en août 1990). Il constitue à n’en pas douter un « repère » dans la réflexion sur la recherche incessante et à moindre coût de la suprématie de nos armes, y compris dans le jeu virtuel, mais aux enjeux létaux, de la dissuasion, quête perpétuellement remise sur le métier du progrès scientifique. Pour l’auteur, avec la reprise des négociations sur la réduction des armements, « cet éternel combat de la suprématie n’est que la répétition de celui plus fameux, mais toujours d’actualité, des Horaces et des Curiaces », mais cette fois-ci, selon sa formule, « dans le champ non clos de l’excellence technologique ». ♦