L’Allemagne de la division à l’unité
Avec une rapidité surprenante, l’Allemagne a retrouvé son unité en 1990. Ce qui paraît plus surprenant encore, c’est que cet événement survenu près d’un demi-siècle après la capitulation du IIIe Reich s’est effectué pacifiquement, sans les bouleversements prédits par les politiques convaincus notamment que cette réunification serait pour l’URSS un casus belli. Pour tenter d’y donner une explication, le professeur Henri Ménudier de l’Institut d’allemand d’Asnières a entrepris de rassembler diverses conférences prononcées sur la réunification et ses différents aspects.
C’est d’abord la reconstitution de l’identité de l’Allemagne qui s’exprime dans l’adhésion immédiate de sa partie Est à la Loi fondamentale de la République fédérale (RFA), et non dans une nouvelle Constitution. Si le paysage politique allemand ne paraît pas radicalement modifié avec l’irruption des Länder de l’Est, on ne sait pas encore de quel poids pèseront ces nouveaux électeurs qui vont découvrir la vie politique dans le fédéralisme. Sur le plan économique, les mutations seront brutales et les premiers pas de M. Kohl, comme l’Unité monétaire, s’avèrent audacieux mais réussis. La corbeille de la République démocratique (RDA), fleuron du bloc de l’Est, n’est pas négligeable ; c’est plutôt la mentalité d’assisté, propre aux pays communistes, qui devra se transformer ; il faudra réapprendre à travailler et surtout à travailler bien.
Malgré l’apport de l’Est, le capital humain demeure bien fragile, avec un taux de fécondité insuffisant miné par l’Interruption volontaire de grossesse (IVG) et un vieillissement de la population qui en un demi-siècle a doublé son espérance de vie. Cependant, c’est dans le domaine social que l’unification rencontrera les problèmes les plus importants : disparités dans les revenus, dans les niveaux de qualification professionnelle, disparités également dans les systèmes de protection, les services sociaux, les organisations syndicales. À ces problèmes, l’Allemagne trouvera des solutions, mais à quel coût ?
Enfin M. Ménudier ne pouvait manquer de nous livrer les réflexions que suggère sur le plan international la nouvelle unité allemande réalisée devant une URSS sans réaction, rongée elle-même par ses propres difficultés. L’Europe, ses alliances, sont-elles profondément modifiées par la nouvelle Allemagne ? Nul doute que l’Europe occidentale, la Communauté européenne ne reposent plus sur les mêmes équilibres.
Ce recueil de conférences, bien que fragmentaire, présente un intérêt certain par la diversité des aspects étudiés, mais ce sont surtout des étudiants germanisants ou des initiés qui en profiteront par leur connaissance des innombrables sigles qui déroutent le lecteur moyen.
Espérons qu’un ouvrage ultérieur apportera des réponses aux questions que celui-ci n’a pu que poser. ♦