Le passage de la mer Rouge, le rôle des chrétiens dans la libération des peuples de l’Est
Le temps était venu du récit que voilà. Tels les Hébreux fuyant l’Égypte, les chrétiens asservis en Pologne, en Hongrie, en Tchécoslovaquie, se libèrent. Tissée de beaucoup de souffrance, d’héroïsme et de compromissions, cette histoire se partage autour de deux dates : 1956 (avant et après Staline) et 1978 (avant et après Jean-Paul II).
Les héros sont nombreux et le plus grand est, en Hongrie, Mgr Mindszenty : un évêque en prison, sous la torture, jugé en procès stalinien, martyr pour l’édification des générations futures. Mais il n’y a pas que des héros, et la subversion des croyants aura quelque succès avec le mouvement Pax en Pologne ou Pacem in Terris, titre impudent, en Tchécoslovaquie. Après Staline, la « subtilité » nouvelle du pouvoir réussira à compromettre l’épiscopat tchécoslovaque et celui de Hongrie en lutte contre les communautés de base.
Chaque Église a son visage. En Pologne, elle ne sera jamais affaiblie, âme de la dignité nationale et inspiratrice des pèlerinages-manifs autour de la Vierge noire de Czestochowa. En Tchécoslovaquie, elle souffrira des clivages protestants-catholiques-hussites et, maintenant encore, les évêques slovaques sont en danger de nationalisme. En Allemagne de l’Est, les Églises évangéliques prennent les dirigeants à leur propre piège, jouant le jeu du pacifisme, et fourniront, en 1989, le support concret de la révolution.
Le Pape polonais devait hâter l’échéance de la libération, et pas seulement dans son ancienne patrie. Quinze jours après son élection, il annonce : « Aujourd’hui, l’Église du silence parle par la voix du pape ». La mer Rouge est franchie. Est-ce la Terre promise ? Pas sûr ! La libération est joyeuse, la liberté décevante, à plus d’un titre. L’Église, si belle en résistance, est délaissée ; le matérialisme, pratique celui-là, pourrait être pour elle plus redoutable que celui de Marx.
Ce livre s’honore d’une chaleureuse recommandation de Vaclav Havel. Il satisfera le lecteur féru d’histoire ; il passionnera les croyants. ♦