Editorial
Éditorial
Le déménagement d’ici quelques semaines des premiers organismes situés au 231 boulevard Saint-Germain vers Balard marque une étape symbolique et majeure dans la transformation du ministère de la Défense. Outre l’aspect matériel complexe de ce transfert – notamment l’impératif de continuité opérationnelle –, c’est une mutation sans précédent dont le déroulement s’étale depuis plusieurs années. Cette mutation est nécessaire et inéluctable.
Il serait hypocrite de masquer ici l’impact redoutable de l’équation budgétaire imposant une baisse régulière et drastique du budget de la défense. L’un des objectifs de ce basculement géographique est aussi de réaliser de véritables économies de fonctionnement, en espérant que le modèle économique de fonctionnement retenu pour le « Balardgone » le soit vraiment. Mais au-delà, en regroupant le ministère, les armées, la plupart des directions et services sur une même plate-forme fonctionnelle rénovée à Paris, c’est une nouvelle ambition qui est désormais en voie d’élaboration avec la recherche d’une meilleure efficacité globale – une efficience – des échelons supérieurs de direction et de commandement avec un objectif commun fédérateur : le succès opérationnel de nos forces, quelle que soit la forme de leur engagement en opérations, à l’extérieur ou sur le territoire national.
En ce printemps où les cartons vont transiter du 7e au 15e arrondissement, il était donc essentiel que la RDN fasse un point de situation sur ce changement majeur. Il faut souligner ici que le ministère et toutes ses composantes se sont engagés depuis déjà des décennies dans un processus permanent de réformes et d’adaptation, avec le risque permanent de déstabiliser un fonctionnement fragile – Louvois en a été hélas une cruelle désillusion – alors que les moyens financiers baissent. Il faut également rappeler que le ministère de la Défense a supporté l’essentiel des déflations en personnel conduites dans l’ensemble de la fonction publique d’État et entrepris de se réorganiser en profondeur comme ne l’a fait aucun autre ministère. Il est à souhaiter ici que ce déménagement constituera un succès non seulement organisationnel mais aussi fonctionnel, indispensable pour la cohérence de notre défense, fortement sollicitée opérationnellement comme le montre l’actualité.
En effet, hélas, le contexte stratégique ne cesse de se dégrader. Entre la crise ukrainienne, où le cessez-le-feu issu de l’Accord de Minsk 2 reste très fragile, et l’expansion de la terreur imposée par Daech désormais en première ligne en Libye, nouveau front revendiqué par l’organisation terroriste, la guerre est la réalité quotidienne à quelques heures de nos frontières et ses conséquences touchent directement notre sécurité y compris sur le territoire national avec un engagement massif de nos armées depuis début janvier. Cet effort militaire pour protéger nos concitoyens n’est pas anodin et oblige le commandement à adapter en permanence l’emploi de nos unités et services pour répondre à cette mission exigeante. La vérité est que la France est en guerre, avec ses alliés et partenaires, contre un ennemi mortel.