La démocratie américaine. Anatomie d’un marché politique
Professeur de droit public et de science politique, visiting professor aux États-Unis, Jean-Pierre Lassale était bien placé pour décrire, par le menu, la scène politique américaine. Plus qu’un manuel, son ouvrage est un véritable guide permettant d’entrer dans une culture politique spécifique. Celle-ci se nourrit abondamment de mythes. L’Américain s’est toujours fait une certaine idée de la démocratie. Religion et politique ont presque toujours été étroitement mêlées, l’éthique n’a jamais été absente du débat politique. Le citoyen américain, nourri de fédéralisme, s’est toujours méfié de l’État.
L’auteur décrit ce « marché politique », où interviennent quantité d’acteurs, l’administration, les partis, les groupes de pression. Il décrit aussi de manière fort précise, le système de financement des élections et des campagnes. Il consacre des passages très éloquents à ce qu’il nomme, à bon escient, la gestion des signes : multiplication des sondages (depuis le fameux Gallup de 1935), le démarchage politique, la construction des images politiques. Les médias jouent un grand rôle dans la politique américaine : c’est dès 1924 que les conventions nationales des partis furent radiodiffusées. Le cas Reagan est abondamment cité. Puis Jean-Pierre Lassale analyse les relations entre les structures et le pouvoir, en étudiant les rapports entre le président et le Congrès (les « associés-rivaux ») et le rôle de la Cour suprême. L’ouvrage fourmille de cartes, de tableaux, d’exemples, de schémas. Il fournit vraiment une description très vivante et approfondie du plus grand « marché politique mondial », terme qui ne doit pas être pris dans le sens péjoratif, mais comme le lieu où s’affrontent les divers acteurs politiques, et qui peuvent recourir à de multiples moyens pour accroître leur audience et leur pouvoir. ♦