1940-1944 : déchéance civile et gloire militaire
Ancien du 1er Régiment d’infanterie, l’auteur expose comment il s’est mis à la disposition de l’organisation de résistance entreprise par le commandement de cette unité aussitôt après sa dissolution ordonnée par les Allemands en 1942. C’est le rappel d’un épisode peu connu dans les annales des maquis de la dernière guerre, et de ses circonstances. Le récit relate les actions de commando et les combats du 1er RI, reconstitué dans le Cher après sa dissolution forcée, marquée par l’arrestation et la déportation de nombreux de ses officiers et sous-officiers traqués par la milice vichyssoise de Darnand.
Aspirant de réserve, puis chef aux chantiers de jeunesse, n’ayant pas accepté la défaite, l’auteur décrit comment il surmonte l’obligation de fidélité civique au moment où les Allemands envahissent la zone libre ; il entre alors en rébellion contre un pouvoir dévoyé et rejoint le 1er RI avec 90 volontaires sur les 120 appelés qu’il commande, au moment programmé où cette unité de l’armée traditionnelle passe au maquis.
Son témoignage est l’occasion de s’insurger, 45 ans après, contre l’accusation de collaboration insinuée avec persistance encore aujourd’hui par ceux qui négligent que les chantiers, qui avaient intégré un grand nombre de gradés de l’armée licenciés en 1940, puis les élèves chassés des écoles militaires en 1942, se sont battus ardemment, efficacement et sans autre motivation qu’un patriotisme foncier, au moment voulu par le haut commandement allié et en liaison avec la représentation française à Londres puis à Alger, sous l’égide de l’ORA, Organisation de la résistance de l’armée sous l’Occupation.
C’est ainsi qu’avec initialement ses 1 300 volontaires solidement encadrés, compte tenu des interventions voisines de la brigade Charles Martel et de la division légère d’Auvergne, le colonel Bertrand, chef de corps du 1er RI, fédérant les maquis locaux, obtint personnellement la capitulation des 20 000 hommes de la colonne du général Elster. Pratiquement unique en Europe occupée, le fait d’armes est ignoré du grand public et des enseignants.
Par sa nature, son originalité, son réalisme, sa documentation, ses développements, cet ouvrage dépasse l’habituel écrit du genre, souvent axé sur le seul récit de combats. Il semble susceptible d’intéresser entre autres les jeunes gens en phase de formation approfondie en matière d’histoire encore récente et par ailleurs placés face aux obligations civiques en matière de défense. ♦