Les pays Baltes parviendront-ils à parcourir le chemin qui les mènera à l’indépendance ? C’est en partie à cette question délicate que tentent de répondre ces ouvrages. Pascal Lorot, qui a fait le point de la situation dans les colonnes de la revue (décembre 1990), dresse un solide panorama d’ensemble de ces pays, conforme à la tradition de la collection « Que sais-je ? ». Il examine avec lucidité les divers écueils qu’ils devront éviter avant d’achever leur processus d’émancipation. Le numéro d’Autrement, dirigé par Yves Plasseraud avec la collaboration de François Moulonguet, offre un parcours très, imagé et vivant à travers l’histoire et la culture des sociétés baltes qui sont restées accrochées à leur identité. Pays carrefours, ballottés au cours des âges, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie sont dépositaires d’une culture minoritaire qui fait partie de notre patrimoine européen.

Romain Yakemtchouk, professeur à l’université de Louvain, analyse avec profondeur cette question. Son étude est fort documentée ; elle retrace le statut des pays baltes depuis leur intégration dans l’Empire russe jusqu’à nos jours. Il est très instructif de suivre les discussions qui ont eu lieu à leur égard lors de la Conférence de la paix à Paris pendant les années 1918 et 1919, d’étudier les vingt années de leur indépendance pendant l’entre-deux-guerres, et bien sûr de se pencher sur les marchandages successifs consécutifs à l’accord Molotov-Ribben-trop du 23 août 1939. Romain Yakemtchouk se réfère aux divers documents diplomatiques de l’époque et examine avec pertinence le problème de la reconnaissance de l’annexion des États baltes en droit international. Mais il ne néglige pas pour autant leur situation actuelle : la moitié du volume est consacrée à l’attitude de ces pays face à la perestroïka, l’indépendance de la Lituanie et le fédéralisme soviétique dans ces nouvelles épreuves. Les chercheurs seront comblés par une importante annexe documentaire de quatre-vingts pages. ♦