Military thinking—The Strategy of Bluff (4th part)
Pensée militaire - La stratégie du bluff (4e partie)
Les prises d’otages constituent des séquences de chantage violent. Leur traitement exceptionnel par les médias transforme ces événements douloureux en un enjeu politique considérable. Dans cette mécanique anxiogène, une stratégie du bluff est menée lors des négociations entre les autorités d’un État démocratique et une organisation terroriste qui a enlevé des citoyens dans le but d’obtenir des contreparties (rançon, armes, libération de prisonniers ou autres concessions de grande ampleur).
À première vue, le dialogue entre les deux parties semble impossible. Pour les autorités d’un État de droit, la notion de vie humaine reste essentielle et tout doit être fait pour préserver cette valeur sacrée. Pour les kidnappeurs, un otage ne représente qu’une simple « marchandise » destinée à être échangée pour toucher un pactole et satisfaire à des revendications. Dans cette angoissante guerre des nerfs, les preneurs d’otages poussent le bluff jusqu’à persuader la partie adverse qu’ils n’hésiteront pas à tuer les prisonniers si leurs exigences ne sont pas prises en compte. En face, l’État engagé dans cet odieux marchandage doit pratiquer un bluff psychologique beaucoup plus subtil qui consiste à faire croire à sa volonté de résoudre la crise à laquelle il est confronté. Dans cette phase délicate, il ne doit pas donner l’impression de céder trop vite en se repliant dans une posture de panique. Il doit maîtriser les pressions de l’opinion publique (et surtout médiatiques) et agir lorsqu’une opportunité se présentera. La gestion de ce genre de situation fait souvent l’objet de manipulations pouvant aller jusqu’à la désinformation systématique. La désinformation peut d’ailleurs être pratiquée à la fois par les autorités et les ravisseurs qui se trompent mutuellement.
C’est dans ce chapitre sensible que se pose le problème du paiement des rançons par un État. La France a été accusée par des commentateurs d’avoir versé de fortes sommes d’argent pour obtenir la libération de concitoyens dans différentes affaires de prises d’otages. Cette affirmation est-elle fondée ? Il est difficile et périlleux de fournir des preuves et d’apporter une réponse précise à cette question embarrassante. La raison d’État explique cette attitude controversée : un gouvernement n’avouera jamais qu’il a payé une rançon en échange de la libération d’un compatriote. Quelle que soit la démarche entreprise pour régler ce type de problématique, le gouvernement concerné devra bluffer et maintenir un processus de discussions avec les preneurs d’otages ou, dans la plupart des cas, avec des intermédiaires. Toutes les tractations se feront dans le plus grand secret. La stratégie du bluff reste présente dans les tréfonds de la diplomatie parallèle.
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