Présentation
Le 25 mai dernier l’association qui édite notre revue, le Comité d’études de défense nationale (CEDN), organisait à l’École militaire à Paris une journée d’étude consacrée au thème « Énergie et Défense ».
Nous avons pensé que certains des exposés faits au cours de cette journée par des hommes que leurs fonctions actuelles amènent à étudier ces problèmes pouvaient intéresser nos lecteurs.
S’il est bien évident qu’au cours des deux guerres mondiales, les Alliés ont dû leur victoire pour une part non négligeable au flux de pétrole qui leur permit de développer la formidable puissance de leurs forces aériennes, maritimes et terrestres, il y a aujourd’hui un problème nouveau et autrement grave que nous voulons évoquer par le rapprochement de ces deux termes : énergie et défense.
C’est en effet à l’occasion d’une guerre, celle d’octobre 1973, que le monde a pris conscience de l’existence d’une crise énergétique latente. Mais jusqu’ici, dans l’esprit de beaucoup, il ne s’agissait que de l’apparition d’une nouvelle arme des pays arabes : l’embargo pétrolier, marquant en tout cas la fin d’une période d’énergie à bon marché sur laquelle, entre autres, le monde industrialisé avait bâti sa prospérité.
Or, il y a plus. Robert Lattes nous montre, chiffres en mains, que non seulement au rythme actuel de consommation de l’énergie mais même si le monde fait un effort sérieux pour refréner sa soif de pétrole, une crise se profile en perspective pour les années 80-90, au plus tard pour l’an 2000, alors que le nucléaire et les énergies nouvelles n’auront encore pris qu’en partie le relais du pétrole. Si nous voulons opérer au début du prochain millénaire la mutation nécessaire que cette crise appelle, c’est dès maintenant qu’il faut prendre les décisions qui s’imposent.
Marc de Brichambaut nous présente les éléments essentiels de la géopolitique de l’énergie – Qui possède quelle sorte d’énergie ? Qui est vulnérable ? Qui est dépendant de qui ? – Et il nous fait apercevoir les tensions et les risques sérieux d’affrontements qui en résulteront pour notre humanité.
Georges Gorse, enfin, nous décrit les concepts et les mécanismes de la politique française de sécurité pétrolière. ♦