La Chine a de nouvelles ambitions dans le Pacifique, tout en cherchant à y préserver la stabilité en établissant des partenariats avec les pays de la région. L’aide au développement est un des outils permettant un dialogue indispensable pour préserver les équilibres.
Quels regards porter sur la politique chinoise dans le Pacifique-océanien ?
What Regards Observe Chinese Politics in Oceania?
China has new ambitions in the Pacific, concurrently searching to preserve stability there while also establishing partnerships with the countries of the region. Developmental aid is one of the tools permitting a dialogue crucial to preserving equilibrium.
La politique extérieure de la République populaire de Chine (RPC) est aujourd’hui explorée dans toutes ses cardinalités. Il n’est donc pas étonnant que les réflexions se multiplient sur ses dimensions « Pacifique ». Toutefois, il reste à savoir si la politique tournée vers les États et territoires insulaires participe d’un effort stratégique sur l’ensemble du bassin océanien et/ou si elle n’est qu’un prolongement des affirmations de puissance observées ces dernières années tout au long de la façade côtière de la RPC. Autrement dit, après avoir revendiqué une souveraineté sans partage sur les îles parsemant les mers de Chine orientale et méridionale, la Chine de Xi Jinping cherche-t-elle à s’imposer stratégiquement derrière le chapelet d’archipels qui courent du Kamchatka à l’Indonésie en passant par les Kouriles, le Japon, Okinawa, Taïwan et les Philippines ?
Cette question en suscite immédiatement bien d’autres : la RPC va-t-elle affirmer sa puissance juste derrière la première ligne de défense des États-Unis en se glissant dans son arrière-cour insulaire, celle qui s’étale de l’archipel d’Ogasawara à l’archipel Bismarck en Papouasie Nouvelle-Guinée ? La Chine communiste cherche-t-elle donc à prendre pied dans un interstice s’ouvrant vers le Pacifique Nord, à s’installer en mer des Philippines, bref à disposer d’une capacité d’action au cœur du Pacifique Sud-Ouest, en s’enkystant au sud de l’Équateur, au plus proche de territoires américains (Marianne du Nord, Guam, voire Hawaï) ou d’États associés aux États-Unis (États fédérés de Micronésie, Palaos) ? L’ambition stratégique chinoise est-elle plus large encore en visant à long terme à contrecarrer l’influence américaine dans l’ensemble de l’« océan Oriental » (1), c’est-à-dire le théâtre stratégique s’étendant du Nord au Sud, de l’Arctique à l’Antarctique, et d’ouest en est, du golfe du Bengale au Triangle polynésien ? Une cardinalité horizontale qui ne peut laisser indifférent jusqu’à la France puisque les deux tiers du commerce par container de la République transitent par la mer de Chine méridionale tandis que trois de ses quatre emprises territoriales dans le Pacifique sont sises le long de cet axe. Dans ce contexte, un « grand jeu » maritime transpacifique se forge-t-il sous nos yeux ? La pax americana est-elle susceptible d’être remise en cause ? Un océan de tranquillité est-il à même de devenir un théâtre d’affrontement sino-occidental ? Autant d’interrogations sur la politique dans le Pacifique central et méridional qui sont également l’occasion d’examiner la nature et le degré de l’« expansionnisme » réel ou fantasmé de la Chine de Xi Jinping. Dans ce contexte, l’enjeu d’image n’est pas le moindre et justifie que Pékin conteste sa « dangerosité » pour l’ordre régional et international (cf. J. Yang).
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