La Revue Défense Nationale s’est toujours préoccupée du débat nucléaire avec la publication d’articles fondateurs de notre doctrine de dissuasion. Le numéro propose ainsi de dresser un panorama des enjeux et questions autour du nucléaire militaire et d’ouvrir des perspectives d’avenir.
Présentation - L’arme nucléaire au XXIe siècle : un facteur structurant du système international
Rafale de l’escadron 1/91 Gascogne des Forces aériennes stratégiques (FAS) - © Armée de l’air
Presentation—Nuclear Weapons in the Twenty-First Century: a Fundamental Element of the International System
Revue Défense Nationale has always been close to the nuclear debate through the publication of articles covering the fundamental principles of our nuclear deterrent. This edition therefore intends to present a range of challenges and questions concerning nuclear matters in the military forces, and the stakes involved, and to open up some perspectives for the future.
Rafale de l’escadron 1/91 Gascogne des Forces aériennes stratégiques (FAS) - © Armée de l’air.
En janvier 1955, le colonel Charles Ailleret publie un article dans la Revue (de) Défense Nationale. La publication fait date pour son éclairage sur une ambition nucléaire militaire française encore en devenir. Commandant des armes spéciales de l’Armée de terre, il trace dans ce numéro les lignes d’une stratégie nouvelle pour la France. Ce sera la dissuasion. Le titre de son article est éloquent : « L’arme atomique, facteur de paix ? ». Charles Ailleret se veut pédagogue, surtout à destination des cercles politiques, lecteurs de la RDN : « Devant ces puissances destructrices potentielles, tous les objectifs, quelle que soit leur nature, sont essentiellement vulnérables. Il n’est plus possible de compter comme autrefois sur la protection ou la dispersion pour réduire à un risque acceptable le danger des bombardements massifs atomiques ». Le principe de la dissuasion délivre son effet par son caractère nucléaire, par la perspective de porter l’apocalypse. « Si villes, richesses, populations doivent de toute manière être détruites, la guerre n’a plus aucun sens. […] Pour aussi paradoxale que cela puisse paraître, l’existence même des armes atomiques pourrait donc être plus favorable à la paix mondiale que des tentatives prématurées de désarmement conduites dans une atmosphère de suspicion réciproque et d’amertume » écrivait le colonel Ailleret dans le même article.
Ce dossier de la RDN correspond à un nouveau tournant de l’histoire de l’atome, soixante-dix ans après Hiroshima et Nagasaki. Actes fondateurs des stratégies de dissuasion nucléaire, ces raids aériens d’une violence inouïe, nous interrogent encore. La publication de cette édition 2015 est un rappel des tensions entre grandes puissances, avec un parfum un peu passé de guerre froide. Les motivations idéologiques d’autrefois ont laissé place à des ambitions plus matérielles. La Russie de Vladimir Poutine ambitionne de reformer l’empire continental à la faveur des vides politiques qui se creusent à sa périphérie, jusqu’aux marches de l’Europe, à l’Est de l’Ukraine. La Chine pousse ses pions en direction des océans, bousculant les positions américaines. La « méfiance mutuelle assurée » s’installe entre des ensembles qui font bloc. D’un côté, le monde atlantique structuré par l’Otan et Washington, de l’autre la Russie qui fonde un nouveau partenariat avec la Chine. Quelques axes de forces se dégagent.
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