Empêcher l’adversaire d’agir en lui imposant un prix trop élevé a souvent été utilisé comme moyen d’action. La dissuasion classique a ainsi été au cœur de la politique de plusieurs États avec l’utilisation de systèmes fortifiés comme le fit Vauban avec la défense du « Pré Carré ».
Le concept de dissuasion avant l’arme nucléaire
The Concept of Deterrence pre-Nuclear Weapons
Preventing an adversary from acting by ensuring that for him it would be too high a price to pay has often been employed as a means of action. Conventional deterrence has therefore been at the centre of many countries’ policies, and has involved the use of fortifications such as those of Vauban and his Pré Carré (square field, or duelling field) defence.
Largement observable dans le monde animal, l’attitude qui consiste à montrer sa force pour éviter d’avoir à s’en servir est un phénomène d’une banalité bien antérieure à l’hostilité entre les hommes. Il faut attendre l’apparition de l’arme nucléaire pour que ce procédé change radicalement de nature.
Le verbe « dissuader », attesté vers 1355, est emprunté au latin dissuadere. Il relève alors du champ de la rhétorique et signifie « parler pour détourner quelqu’un de faire quelque chose ». Le nom de « dissuasion » date de la même époque, avec toujours le sens de « détourner ». C’est semble-t-il au XVIIIe siècle que le terme émerge dans le discours militaire. Le mot, car l’idée est largement décelable dans l’Antiquité, en témoigne le célèbre adage latin si vis pacem para bellum (1). Dans son Art de la guerre par principes et par règles, le maréchal de Puységur (1656-1743) parle ainsi de « dissuader un chef » de prendre une décision (2). Selon son acception actuelle, la dissuasion pourrait être définie comme une attitude visant, par la persuasion ou la menace, à convaincre un Autre de renoncer à une action. Le but de la dissuasion est négatif : sa finalité est la conservation et non l’acquisition. Son domaine est celui du virtuel et de l’imaginaire, en amont de l’action, puisqu’elle cible en l’Autre une volonté qu’il s’agit d’inhiber. Dans le registre d’un conflit armé, la dissuasion tend à faire prendre conscience à un adversaire du prix que lui coûterait un passage à l’acte, ce qui suppose évidemment de disposer des moyens de le fixer suffisamment haut.
Empêcher une agression
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