La composante aéroportée est un atout majeur dans la stratégie de dissuasion nucléaire, en apportant de nombreuses pertinences, au moment où d’autres États développent des capacités aéroportées de nouvelle génération.
Pertinence de la composante aéroportée dans la stratégie de dissuasion nucléaire
Pertinence of the Air Component in Nuclear Deterrence Strategy
The airborne component is a major asset supporting our nuclear deterrence strategy, and is highly relevant at a time when other countries are developing new-generation airborne capabilities.
Si dans le débat public portant sur la dissuasion certains s’interrogent dans notre pays sur la pertinence d’une composante aéroportée, voire en recommande la suppression, on ne peut que relever le décalage de ces positions par rapport à celles prises par les autres États qui en sont dotés. Aux États-Unis, en effet, est lancé cette année le programme d’un nouveau bombardier furtif, en Russie le pouvoir ne cesse de réaffirmer son intention de disposer d’un nouvel appareil pour la mission nucléaire stratégique d’ici le milieu de la décennie prochaine, tandis que la Chine vise la mise en service, à la même échéance, d’un missile de croisière hypersonique aéroporté.
Sans doute est-il opportun de s’attarder sur les raisons qui poussent ces États à renouveler leur intérêt pour leur composante aéroportée de la dissuasion nucléaire. Depuis que l’atome a fait son entrée dans les arsenaux, l’histoire a, de manière récurrente et explicite, démontré que le bombardier stratégique était un outil militaire particulièrement efficace pour afficher dans une crise, où plane l’ombre du nucléaire, une forte détermination politique. On a pu l’observer en 1946 en Yougoslavie, lorsque le survol de ce pays par cinq B-29 américains a suffi à rouvrir l’espace aérien yougoslave à l’USAF ; en 1948, au plus fort de la crise de Berlin, lorsque le déploiement en Europe depuis les États-Unis des mêmes B-29 a joué en faveur d’une sortie de crise ; en 1962, pendant la crise de Cuba, quand le Strategic Air Command maintint de manière ostensible ses bombardiers en alerte en vol pendant treize jours de confrontation avec les Soviétiques ; en 1973, aussi, pendant la guerre du Kippour, lorsqu’en réponse à une montée en puissance ordonnée à ses forces nucléaires par Moscou, des B52 furent rappelés de Guam vers leurs bases américaines.
La forte visibilité qui peut être attachée à l’emploi de bombardiers à capacité nucléaire ressort donc comme un atout à la disposition du pouvoir politique pour gérer une crise. Pour autant, d’autres moyens sont disponibles pour afficher une volonté politique. La pertinence de la composante aéroportée pour notre stratégie de dissuasion s’exprime-t-elle dans d’autres registres ?
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