Le développement de la défense antimissiles, souhaité par les États-Unis, est antinomique avec le concept de dissuasion et pourrait à terme entraîner une dépendance forte vis-à-vis des Américains, au détriment de la souveraineté nationale.
Au-delà de la défense contre les missiles : une stratégie américaine anti-dissuasion
Beyond Missile Defence: an American Anti-Deterrent Strategy
The desire of the United States to develop anti-missile defence would appear counter to the concept of deterrence and could carry a longer-term risk of excessive dependence on the US to the detriment of our national independence.
Le concept de défense antimissile (DAM) apparaît comme une nouvelle orientation des choix stratégiques des États occidentaux sous impulsion américaine. Induit par le refus croissant d’accepter le danger voire seulement le risque, par un tropisme technologique et un certain doute quant à l’efficacité de la dissuasion nucléaire, le choix de la DAM ne doit cependant pas écarter l’hypothèse – n’excluant pas nécessairement les raisons suscitées – d’une stratégie américaine visant essentiellement à réduire le pouvoir conféré par la détention d’armes nucléaires, à accroître son contrôle sur le globe et à développer ses tutelles stratégiques sur ses alliés.
Théoriquement, une DAM de théâtre est destinée aux opérations extérieures et à la protection contre les missiles de croisières, les aéronefs ou les drones. Une DAM de territoire, quant à elle, concerne les missiles balistiques, notamment ceux porteurs de charges nucléaires.
On distinguait donc initialement DAM de théâtre comme tactico-opérationnelle et DAM de territoire comme DAM balistique et stratégique car dirigée contre des missiles nucléaires.
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