En Asie de l’Est, un seul pays est officiellement détenteur de l’armement nucléaire. Et l’on remarque déjà une première « anomalie ». La très grande majorité des opinions publiques occidentales (et même certains observateurs se disant « avertis ») pensent que l’appartenance au très restreint club des membres permanents du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies est une conséquence de la possession de l’arme nucléaire, alors que ce n’est pas le cas de la Chine ⁽¹⁾. On note aussi que la Corée du Nord, seul autre détenteur reconnu de l’arme nucléaire, est peut-être très loin de détenir un vrai armement de ce type. Plus surprenant encore, la notion « d’État du seuil », qui caractérise les pays ayant toutes les capacités technologiques mais n’ayant pas franchi le pas menant à la réalisation pratique, n’est plus que très rarement invoquée, alors qu’elle concerne le Japon mais aussi Taïwan et la Corée du Sud.

Chine

Le plus grand pays de la zone est devenu une puissance nucléaire reconnue dès 1964, alors que l’entrée de l’administration de Pékin à l’ONU (en remplacement de celle de Taïwan), ne date que de 1971. À son arrivée au pouvoir, Mao avait qualifié les possesseurs de la bombe atomique de « tigres de papier ». Il a pendant longtemps maintenu la fiction selon laquelle la Chine ne désirait pas se doter d’un tel type d’armes. Pourtant, dès la fin de la guerre de Corée (1953) et surtout lors de la première crise des détroits de Taïwan (1954), il a pris conscience de la nécessité de s’en doter et a lancé un programme en ce sens.