Le réalisme en matière de dissuasion doit désormais prévaloir avec le réarmement de la Russie. La prise en compte du fait nucléaire dans la guerre hybride ne doit donc pas être occultée.
Le nucléaire contemporain : dissuasion et gesticulation
Contemporary Nuclear Matters: Deterrence and Gesticulation
Russia’s rearmament must be seen with increased realism in deterrence. In consideration of hybrid warfare, we must therefore not lose sight of the presence of nuclear weapons.
Aujourd’hui, il n’y a que peu d’intérêt pour la stratégie nucléaire. Pour la plus grande partie des policymakers, le seuil nucléaire est absolu – ce qui se passe au-delà de ce seuil est impensable. Il constitue la frontière entre ce que l’on sait et ce à quoi on ne veut même pas réfléchir. Cependant, ce seuil est bien réel – il fonctionne comme le couvercle d’une casserole, qui retient les conflits dans le domaine de la guerre limitée, selon la définition du général Beaufre.
Cependant, plusieurs facteurs font que les stratégies nucléaires reviennent dans l’actualité. En France, la dissuasion se discute davantage à cause, entre autres, de son coût ; le Sénat y a consacré un bon nombre d’auditions. Pour la Russie, l’arme nucléaire joue un rôle très important et on n’a pas hésité à l’utiliser comme arme virtuelle dans une stratégie de gesticulation. Nous y reviendrons. L’accord récent de Genève sur le programme nucléaire de l’Iran, désormais exclusivement pacifique, n’est guère convaincant pour les voisins stratégiques de l’Iran, et surtout pour Israël. Le djihadisme – particulièrement la stratégie d’anéantissement du prétendu État islamique – avec ses objectifs absolus est aussi un facteur potentiel dans le jeu nucléaire.
Dans cet article, nous nous concentrerons sur l’échiquier européen.
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