La Belgique envisage le remplacement de ses avions F-16 aujourd’hui à capacité nucléaire, dans le cadre de l’Otan. Les choix de Bruxelles quant au prochain appareil seront donc déterminants et s’inscriront dans une dimension politique européenne qu’il reste à définir.
Le remplacement des F-16 belges : la dimension nucléaire
Replacing the Belgian F-16s: the Nuclear Dimension
Belgium is looking to replace its F-16 aircraft that currently have a NATO-related nuclear capability. The future aircraft chosen by Brussels will have a determining effect upon yet-to-be-formulated European policies.
Ces derniers mois, bien des commentaires ont été lancés autour du nucléaire militaire associé au remplacement des F-16 belges, dans les médias mais aussi lors d’auditions parlementaires. Des affrontements idéologiques ont actuellement lieu en Belgique sur fond de questionnements politiques, économiques et technologiques.
Certes, la question du nucléaire américain en Belgique est une vieille histoire, dès lors que, durant la guerre froide, le pays était hôte de plusieurs types d’armes (1) et pouvait les utiliser sur instruction et autorisation mécanique puis électronique, sous surveillance (2) et déverrouillage américains – centralité d’autorité oblige – dans le cadre du principe général qu’était et qu’est toujours la dissuasion : éviter toute agression territoriale majeure visant les pays membres de l’Otan par la menace. Il s’agit actuellement pour la Belgique d’une capacité de larguer éventuellement des bombes accrochées (à l’unité) sous fuselage de certains de ses F-16, après décision américano-otanienne, avec possibilité pour le gouvernement belge de refuser la mission pour des motifs politiques. Ce que l’on appelle « la double clef » : seuls les États-Unis possèdent les codes d’activation des charges nucléaires, la Belgique fournissant le vecteur d’armes, en l’occurrence le F-16 ; chacun dépendant en quelque sorte de l’autre, nonobstant le fait qu’il existe d’autres bases nucléaires en Europe (Pays-Bas, Allemagne, Italie), y compris des bases nucléaires strictement américaines (Aviano, Incirlik).
Aujourd’hui, seules resteraient stockées des bombes thermonucléaires à gravité (puissance variable) (3) sur la base de Kleine Brogel (4). Le conditionnel est de mise dès lors que les contraintes juridiques bilatérales imposent de ne pas préciser le nombre ni leur localisation, des dépôts pouvant même être vides ou partiellement occupés. Cela explique le pourquoi du refus d’informer et de confirmer venant des autorités belges ; violer les accords bilatéraux Belgique/États-Unis sur le haut secret nucléaire aboutirait à lancer des procédures judiciaires et des condamnations. Cela explique aussi concomitamment pourquoi certains hommes politiques belges qui critiquèrent la présence nucléaire dans le pays le firent… seulement lorsqu’ils quittèrent leurs fonctions ministérielles.
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