La dissuasion nucléaire française conserve toute sa légitimité, alors même qu’une réduction sensible des capacités a été conduite. Désormais, il convient de préserver les moyens actuels et de préparer le futur, sous réserve d’en avoir la volonté politique.
Un débat légitime sur la dissuasion nucléaire
A Legitimate Debate on Nuclear Deterrence
The French nuclear deterrent is as legitimate as ever, even accounting for the reduction in its capability. We now need to keep the current assets and prepare for the future, on the condition that the political will is there.
La force de frappe nucléaire a longtemps bénéficié en France d’un fort consensus politique. La critique de la dissuasion nucléaire trouve cependant aujourd’hui un écho et des arguments nouveaux, parfois relayés par des hommes politiques ou des responsables militaires de très haut rang (1). La place de cette arme dans la construction de la stratégie française depuis la IVe République, l’importance des moyens budgétaires alloués comme la nécessité d’obtenir un consensus national sur les capacités de notre défense justifient aujourd’hui l’existence d’un débat, qu’a traduit notamment le récent cycle d’auditions devant la Commission de la défense de l’Assemblée nationale.
Cette contribution (2) n’a pour objectif ni de fournir un travail d’expert, ni de proposer des solutions innovantes sur un sujet aussi structuré et balisé, mais d’offrir une analyse synthétique – et compréhensible par le non spécialiste – de quelques questions qui se posent aujourd’hui au citoyen, car elles se posent, ou se poseront, aux décideurs : l’arme nucléaire a-t-elle encore un sens face aux menaces du XXIe siècle ? La France a-t-elle encore les moyens d’entretenir de telles capacités, au regard de ses contraintes budgétaires, mais aussi des besoins des armées ? Faut-il faire évoluer le format de notre force de frappe ?
Pertinence et légitimité de l’arme nucléaire
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