Le missile balistique, depuis les premiers V2, dispose d’un avantage psychologique majeur très déstabilisant pour les pays cibles. La prolifération actuelle, aux effets militaires limités, peut inquiéter en donnant une capacité potentiellement dévastatrice au missile.
La charge psychologique du missile balistique
The Psychological Power of a Nuclear Missile
Since the advent of the German V2, ballistic missiles have possessed a major psychological advantage that is highly destabilising for the countries targeted. Current proliferation is worrying and, albeit with limited military effects, affords potentially devastating capability to the missile.
Une affiche de propagande nazie montrant une fusée pointée sur l’Angleterre ; des photos aériennes présentées à l’ONU dévoilant des formes oblongues érigées dans la forêt cubaine ; des missiles blancs aux couleurs irakiennes dressés à la foire de Bagdad devant un portrait géant de Saddam Hussein ; un présentateur télévisé nord-coréen vantant le succès du dernier lancement face à « l’ennemi impérialiste » ; des missiles ex-soviétiques repeints à neuf défilant à Kiev pour la fête de l’indépendance nationale ukrainienne ; des hommes en noir agitant le drapeau de l’État islamique, debout sur un lanceur capturé aux forces syriennes… Le missile balistique, brandi ou mis à feu, est de toutes les crises et des principaux conflits de la Seconde Guerre mondiale à nos jours. Son potentiel ou ses destructions alimentent la perception de la menace comme la détermination à peser sur la décision d’un adversaire souvent supérieur au plan conventionnel.
On savait ce protagoniste indissociable du potentiel psychologique de la dissuasion nucléaire, qu’elle soit avérée chez les tenants du « Club », émergente chez les proliférants indien, pakistanais et nord-coréen, ou non déclarée par l’État hébreu. En revanche, l’emploi opérationnel du missile balistique comme arme de terreur ou super-artillerie, de la V2 allemande aux Scud soviétiques et ses dérivés nord-coréens, irakiens ou iraniens, montre un potentiel psychologique très supérieur à ses effets militaires. Or, cette dichotomie est mal prise en compte par les stratégies occidentales, qu’il s’agisse de lui opposer des mesures de contre-prolifération ou de tenter de les arrêter par de coûteux et imparfaits boucliers antimissiles.
L’essor d’un vecteur offensif incontesté
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