La doctrine actuelle de dissuasion doit pouvoir évoluer pour prendre en compte de nouvelles menaces en proposant une approche globale mieux compréhensible et donc plus dissuasive face à des adversaires potentiels.
Dissuasion : nouvelles pistes pour un concept
Deterrence: New Ways to View the Concept
Current deterrence doctrine must be able to evolve in order to take into account new threats by offering an overall approach that is more easily comprehensible and therefore has greater deterrent effect on potential adversaries.
La dissuasion nucléaire stratégique centrale que nous connaissons en France est le fruit d’une combinaison et d’un héritage. Elle doit être aujourd’hui complétée par une structure d’intimidation militaire qui fait encore défaut pour aborder les temps actuels.
Combinaison des avancées décisives du « projet Manhattan » sur la libération des énormes forces de liaison nucléaire de la matière, de la nécessité d’en finir avec le Japon en 1945 par une frappe décisive sidérante puis de celle de bloquer tout affrontement militaire entre les deux grands vainqueurs de l’Allemagne nazie, les États-Unis et l’URSS, telle est l’histoire des origines. La notion de dissuasion s’est installée progressivement au sein du Standing Group de l’Alliance atlantique, installé au Pentagone dans les années 1950, dans le contexte de la guerre de Corée d’abord puis de la conscience progressive qu’aucune victoire militaire d’un des Grands sur l’autre n’était plus possible du fait de la capacité de destruction, « massive » de l’armement atomique. On est passé alors du concept classique de la victoire par la supériorité des armes à la régulation stratégique par « l’équilibre de la terreur ». Deux effets en ont découlé presque mécaniquement : les tactiques d’affrontement indirect par tiers interposés, avec les révolutions internes ou les interventions de Cuba en Afrique, d’une part ; la prolifération nucléaire de tiers ambitieux voulant se préserver de la bipolarité ambiante ou se garantir une solidarité stratégique par capacité de nuisance, d’autre part.
Héritage matériel d’un appareil scientifique et technique de haut niveau pour concevoir, produire, durcir et pérenniser des armes « spéciales » certes difficiles à manipuler mais dont l’emploi devait être imparable et faire renoncer l’adversaire à l’échange de coups. Ainsi s’est progressivement stabilisée une « course aux armements » devenue un défi industriel et budgétaire. Héritage intellectuel par la sophistication des approches socio-philosophiques voire stratégico-anthropologiques auquel la réalité nucléaire invitait. Héritage politique par les avantages considérables d’autorité que conférait la détention (légitime pour les cinq premiers venus dans ce club qui a refermé ses portes en 1968) de l’arsenal nucléaire.
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