La dissuasion française nécessite un renouvellement de la réflexion doctrinale indispensable pour ne pas laisser en friche le débat avec le risque de fragiliser la crédibilité de notre stratégie par une indifférence érodante.
Faute de frappe ou l’érosion de la stratégie française de dissuasion nucléaire
On the Potential Erosion of French Nuclear Deterrent Strategy
French deterrence is in vital need of renewal of its doctrinal thinking if the debate is not to fall into neglect through destructive indifference, for that would carry the risk of eroding the credibility of our strategy.
Tectonique géopolitique
Il en est des constructions stratégiques humaines comme de l’orogenèse de la Terre. Elles sont agitées de mouvements de formation et de déformation, de création et de destruction. Elles sont sujettes à l’inexorable loi du Temps qui transforme, en les renouvelant, ces édifices que l’on tenait pour établis et renvoie à l’éphémère les illusions de l’immuable.
En sorte qu’il n’est rien que l’on doive tenir pour arrêté ou acquis. En perpétuel mouvement, la grande roue des cycles de puissance tourne sans que nous ne sachions rien de l’issue. Il se pourrait même qu’il soit dans sa nature de ne jamais s’arrêter et que la stabilité définitive ne soit rien qu’illusion. C’est bien pourquoi il convient de prendre appui sur quelques socles fermes et assurés semblables à ces masses de granite. Napoléon Bonaparte en 1801 avait voulu fonder la France, au sortir du tumulte révolutionnaire. La force de frappe nucléaire mise au service d’une stratégie de dissuasion est un socle de cette qualité au service de la sauvegarde de notre pays. Un demi-siècle plus tard, ce granit se transforme-t-il en sable ? À la lumière de cette métaphore, considérons la stratégie française de dissuasion nucléaire (SFDN) rapportée à des faits et à des événements significatifs : les transformations géopolitiques ainsi que les équilibres stratégiques instables qui en résultent.
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