L’Europe est censée bénéficier du parapluie nucléaire américain, acceptant de facto une perte de souveraineté. La dissuasion française pourrait s’inscrire dans une dimension européenne, à condition de construire une véritable politique de défense européenne.
L’avenir des forces nucléaires françaises dans une authentique défense européenne
The Future of French Nuclear Forces within a True European Defence Structure
Europe accepts that since it is protected by the American nuclear umbrella it de facto suffers a loss of independence. The French deterrent could form part of a European dimension, as long as a genuine European defence policy is established.
La France est, en Europe, le seul pays disposant de forces nucléaires totalement autonomes aussi bien pour ce qui est de la production des armes que de leur emploi et ses dirigeants feront tout pour conserver cette précieuse autonomie. Mais la France entretient également le rêve d’une défense européenne, c’est-à-dire d’une défense de l’Europe, par l’Europe et pour l’Europe. Comment ces deux ambitions peuvent-elles s’articuler ?
Pour l’actuel président de la République, François Hollande, la coexistence semble aller de soi. Il affirmait ainsi à Istres, le 19 février 2015 : « (…) notre dissuasion va de pair avec le renforcement constant de l’Europe de la défense. Mais notre dissuasion nous appartient en propre : c’est nous qui décidons, c’est nous qui apprécions nos intérêts vitaux ».
À ce détail près que « l’Europe de la défense » n’est pas la « défense européenne » et c’est la première fois semble-t-il que François Hollande recourt à ces mots. Utilisée par les seuls Français, difficilement traduisible dans les autres langues, l’expression d’Europe de la défense est un oxymore destiné à concilier, d’une part, la promotion d’une « défense commune européenne » dont la promesse est inscrite au cœur des traités européens depuis Maastricht et, d’autre part, le dogme de la « souveraineté » dont les forces nucléaires sont le symbole. C’est une chimère sémantique inventée pour masquer le refus, conscient ou inconscient, d’une défense authentiquement européenne qui serait la capacité militaire de l’Europe à se défendre par elle-même et pour elle-même. Pour preuve, personne n’a jamais entendu parler « d’Amérique de la défense » ni « d’Europe de la monnaie ».
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