En 1991, le président François Mitterrand exprimait en une boutade la nouvelle situation : « Le problème, c’est que nous n’avons plus d’ennemi, mais nous avons toujours les armes ». La dissuasion « du faible au fort » était rendue caduque par la nouvelle situation géopolitique et la possession des armes nucléaires devait désormais se justifier autrement. La question demeure aujourd’hui et demeurera demain. Nous ne pouvons pas faire de l’existence des armes nucléaires un fait irréversible qui ne mériterait plus débat. Si l’humanité s’inscrit dans un long terme nucléarisé, pis, si elle fait reposer sa sécurité sur la possession pérenne d’armes nucléaires, il est inévitable, parce que l’Homme est l’Homme et les lois de la probabilité ce qu’elles sont, qu’un jour un drame se produira. On peut estimer le risque faible aujourd’hui mais un risque faible, sur la longue durée, finit inévitablement par se concrétiser.

Statu quo intenable, évolution difficile

Du point de vue de l’éthique politique, dans la situation actuelle d’une course de vitesse engagée entre le désarmement nucléaire d’un côté et la prolifération de l’autre, la position des États disposant de l’arme nucléaire (Edan) ⁽¹⁾ est délicate : comment interdire aux autres ce que l’on s’est autorisé soi-même ? Pour échapper à cette contradiction, le TNP se place dans une perspective lointaine mais répétée de désarmement nucléaire. Comme le dit son article 6 : « Chacune des Parties au Traité s’engage à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire, et sur un traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace ». Encore faut-il que cet engagement soit sincère.