Une démarche volontariste de désarmement nucléaire conduite par la France pourrait être bénéfique en contribuant à diminuer les tensions actuelles, notamment entre Moscou et Washington. La discussion doit être lancée pour supprimer les armes nucléaires.
Risque nucléaire militaire ou désarmement nucléaire ?
A Military Nuclear Risk or Nuclear Disarmament?
A voluntary French step towards nuclear disarmament could perhaps prove beneficial by contributing to the reduction of current tension, especially that between Moscow and Washington. Discussion needs to be started on eliminating nuclear weapons.
Les leçons de la guerre froide semblent vouloir être continuellement ignorées. Pourtant, il y a trente-cinq ans, nous étions au cœur de tensions politico-militaires, où le risque de confrontation conventionnelle et nucléaire était une menace réelle et constante. Certes, l’histoire ne se répète jamais de la même manière, mais les analogies sont suffisamment importantes pour avoir conscience que nous sommes susceptibles de vivre une seconde fois une crise dont l’issue peut-être destructrice.
Alors que nous étions en pleine guerre froide, nous allons voir naître entre l’Est et l’Ouest à la fin des années 1970, des tensions politico-militaires se renforcer de manière constante. Les à-coups vont être nombreux – invasion soviétique de l’Afghanistan, augmentation des forces conventionnelles, des arsenaux nucléaires tactiques, installations de missiles SS-20 et Pershing entre l’Europe de l’Est et de l’Ouest… – auxquelles se rajoutèrent les gesticulations politiques, comme le président Reagan qui qualifiât l’URSS de « Evil Empire » et le secrétaire général Andropov qui développait aussi des discours guerriers. L’année 1983 fut celle de tous les dangers. En l’espace de quelques semaines, entre septembre et novembre, le monde a failli basculer par deux fois dans un affrontement militaire nucléaire. Aujourd’hui notre connaissance de cette période, avec l’ouverture des archives et des témoignages, nous montre que la guerre nucléaire était ouvertement faisable et acceptée, tel cet incroyable discours préparé par la reine Elisabeth II d’Angleterre en prévision du déclenchement d’un conflit nucléaire avec l’Union soviétique.
Encore trop peu de personnes ignorent ou font mine d’écarter ces faits. Le 26 septembre 1983, le radar d’alerte précoce, situé au sud de Moscou, commandé par le colonel Petrov détecte sur ses écrans des missiles en provenance des États-Unis. Devant cette situation, il se doit d’alerter ses supérieurs, qui, sur la base de cette seule détection, enclencheront une procédure de lancement des ICBM pour frapper le territoire américain. Il désobéira, ne croyant pas dans cette attaque, et donc dans ces systèmes radars. Nous savons aujourd’hui que le satellite de détection a mal interprété le réfléchissement du soleil sur les nuages. Ce fait restera secret pendant presque trente ans. À peine quelques semaines plus tard, l’Otan mène un vaste exercice militaire Able Archer (7 au 11 novembre) qui sera interprété par les Soviétiques, comme le scénario d’un début d’attaque. L’hystérie est alors à son comble, des forces nucléaires sont mises en état d’alerte. Dans les deux cas, c’est le facteur chance qui fut présent et nous évita un conflit nucléaire. La théorie de la dissuasion ne fut d’aucune efficacité !
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