La révolte de l’Aïr, 1916-1917
On signale aux lecteurs férus d’histoire coloniale l’excellent essai du colonel Dufour, sur l’un des épisodes les plus douloureux de cette histoire. Appuyé sur un examen attentif des archives nationales, le livre retrace le drame vécu par nos anciens, en 1916 et 1917, entre le pays des Oulliminden et le Tibesti, et qui culmine avec le siège d’Agadès par le chef touareg Kaossen le Senoussi.
L’auteur ne farde pas l’image peu flatteuse que la France a donnée d’elle-même dans cette aventure. Certes la Grande Guerre, accaparant tous les efforts, explique le petit nombre et la médiocrité des officiers contraints à l’exil militaire qu’était alors le séjour saharien. Elle n’excuse pas l’inexistence d’une politique. De cette carence résulte l’incohérence de l’action au Tibesti, convoité à la fois par les Turcs et les Italiens, et l’incapacité où l’on fut de se gagner les nomades ; nos réussites inverses, chez les Touaregs algériens et les Maures du Sahara occidental, montrent que la symbiose entre deux civilisations que tout paraissait séparer n’était pas impossible.♦