Nato-Warsaw Pat-Force mobilization
Ce livre épais publie les actes d’une conférence tenue en novembre 1987 à l’université de défense nationale de Washington. Les 20 intervenants, spécialistes des questions de défense, ou des pays de l’Est, sont, à l’exception de trois Européens, des universitaires et des officiers américains. Leurs études des systèmes de mobilisation et des réserves de la plupart des pays de l’Otan et du Pacte de Varsovie sont très documentées et constituent une source précieuse d’information. Le chapitre rédigé par D. R. Palmer (diplômé de l’IEP de Paris) décrit bien les progrès réalisés dans la coopération entre la France et les pays alliés. L’examen des problèmes de renforcements américains et soviétiques permet une évaluation comparée des forces et des vulnérabilités des deux alliances.
Les auteurs estiment ainsi que la création du TVD (théâtre d’opérations) Ouest en 1979-1980 s’est accompagnée d’une importante amélioration des procédures d’alerte et d’intégration des contingents des pays de l’Est. Cependant, le faible niveau de la modernisation et du moral des armées satellites (République démocratique d’Allemagne, RDA, exceptée) limite leurs capacités offensives, en particulier sur le flanc Sud. Les Soviétiques sont également conscients des difficultés du mouvement de leur 2e échelon à travers la Pologne, face à la menace des armes intelligentes occidentales (doctrine Rogers). Du côté Ouest, toutes les ressources humaines et économiques ne sont pas exploitées, et la défense est de plus en plus dépendante des réserves et des renforcements, français, britanniques et américains. Si les capacités d’accueil au Benelux et en République fédérale d’Allemagne (RFA) ont été améliorées par les accords HNS (Host Nation Support), l’acheminement de dix divisions américaines en dix jours ne paraît pas réalisable et manque d’espace. La défense du Danemark et du nord de la Norvège doit en outre être renforcée.
On regrettera que l’accent mis sur la mobilisation des forces terrestres fasse négliger l’emploi des autres forces, ainsi que l’hypothèse d’attaque sans préparatifs, préférentielle pour les stratèges soviétiques. On pourra discuter également l’estimation des délais de mise en place des unités britanniques et françaises, la capacité de la 1re Armée à conduire un combat de haute intensité (1), ou la suggestion de placer cette dernière à l’avant, face aux trouées de Hof, Cheb et Weiden. Il reste que cet ouvrage offre une documentation très complète, et que nombre de ses propositions mériteraient d’être retenues : l’amélioration des procédures d’alerte et de décision politique, l’utilisation logistique des territoires français et espagnol, le transfert des renforcements du sud vers le nord de l’Europe, le progrès de la coopération alliée dans le domaine des armements et des procédures opérationnelles. En estimant que des améliorations sensibles ont déjà permis de renforcer la dissuasion de l’Alliance atlantique, Jeffrey Simon conclut que désormais le temps joue contre le Pacte de Varsovie. ♦
(1) Cette sous-estimation semble due à l’observation, lors de Moineau hardi, des unités de la FAR, qui n’ont évidemment pas la puissance des divisions blindées.