KGB, objectif Pretoria
Les deux auteurs de ce petit livre sont des spécialistes de la guerre secrète. Roger Faligot a publié au Seuil, en 1985, avec Pascal Krop, La piscine et Rémi Kauffer en 1986 chez Fayard L’OAS. Ces titres évoquent nos petits secrets français ; c’est de ceux de l’URSS qu’on parle ici, et des menées en Afrique des services redoutables dont le KGB (service secret soviétique) est l’héritier.
Le livre débute en roman d’espionnage : aventures véridiques et extraordinaires de Dieter Félix Gerhardt, ou comment un Africain du Sud, Allemand d’origine et adversaire de l’apartheid, se met à la solde du Kremlin, poursuit dans la marine de son pays une brillante carrière, est fait commodore et chef de l’arsenal de Simonstown, et se trouve ainsi en bonne posture pour informer ses employeurs lors de la guerre des Malouines… In extremis la morale est sauvée, sinon l’honneur de la South African Navy : l’amiral-espion est arrêté en janvier 1983 par le FBI (Federal Bureau of Investigation), invité qu’il était aux États-Unis pour y prononcer une conférence sur la stratégie navale !
Mais l’ouvrage, dont la cohérence n’est pas parfaite et la conclusion absente (négligence aujourd’hui courante), est aussi une enquête sur l’ensemble de la politique soviétique en Afrique. On en rappelle les prémices, avec le congrès de Bakou suscitant en 1920 « les nègres rouges ». On en voit les médiocres succès et l’application sans cesse déçue avec laquelle les théoriciens de Moscou s’efforcent à suivre les imprévisibles voies des régimes africains. Le sous-titre, « objectif Pretoria », est-il justifié et l’Afrique du Sud est-elle bien le bastion que les Soviétiques rêvent d’enlever ? L’importance de l’enjeu explique leurs efforts ; elle ne permet pas d’en préjuger les résultats.