Au-delà du Sanctuaire
La France n’est plus en guerre depuis 1945 ; le « cessez-le-feu » a retenti en Algérie en 1962. Et pourtant… De 1964 à 1984, deux cents soldats français ont trouvé la mort au cours d’actions extérieures au Tchad et au Liban, certes, mais aussi au Zaïre, au Gabon, en Mauritanie, au Cameroun, en océan Indien, … Elles ont été menées successivement par des forces « d’intervention », « d’action extérieure », « d’assistance rapide », cependant que le nombre de « conseillers militaires » français outre-mer restait toujours supérieur à mille.
Si l’on veut à la fois avoir une vue d’ensemble de la politique française outremer, et retrouver le détail des actions menées (pratiquement sans discontinuer) de 1960 à 1985, l’ouvrage du Commissaire de la Marine Foures s’impose comme un instrument indispensable. Bien construit, agréable à lire (sauf à déplorer l’excès de coquilles que l’on a tendance à imputer à l’éditeur), vivant car le sujet s’y prête, cet ouvrage est intelligemment parsemé de cartes et enrichi d’annexes auxquelles s’ajoutent une chronologie et une bibliographie qui à elles seules présentent un intérêt considérable.
On notera que la revue Défense nationale est abondamment citée. L’auteur a su allier le style narratif, proche parfois du reportage, à un ton plus réfléchi lorsqu’en historien, il cherche à retrouver l’enchaînement des faits. On appréciera qu’il se soit attaché à citer le nom de tous ces officiers, sous-officiers, et soldats qui ont laissé leur vie sur les pistes du désert ou dans les ruines de Beyrouth. L’inquiétude actuelle au sujet du détachement français de la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban) nous rappelle qu’il y a toujours des soldats français engagés « au-delà du sanctuaire ». Le livre d’André Foures vient à point pour nous empêcher d’oublier tous ceux qui les ont précédés, depuis la fin de l’époque « coloniale ».