La Puce et le Riz, croissance dans le Sud-Est asiatique
Les ouvrages consacrés aux économies du Sud-Est asiatique, qu’il s’agisse des quatre dragons (Hong Kong, Singapour, Taïwan et Corée du Sud) ou des autres pays nouvellement industrialisés (NPI) comme la Malaisie, la Thaïlande ou les Philippines, ne sont désormais plus rares, même en français. De même, le concept du bassin du Pacifique a suscité maintes réflexions, études ou interrogations.
Jean-Raphaël Chaponnière, auteur d’une thèse remarquée sur la Corée du Sud fait ici la synthèse des connaissances utiles sur ces économies et sociétés – peut-on séparer les unes des autres d’ailleurs ? – à de nombreux titres exemplaires. Presque un tiers de l’ouvrage est consacré à la situation de l’Asie du Sud-Est à la veille des conquêtes coloniales et à l’issue de celles-ci. Ce n’est pas inutile. Les miracles économiques des années 1960 ne sont pas nés spontanément mais procèdent d’une série de facteurs mentaux, sociaux, éducationnels. Il décrit avec pertinence le cas de chacune des économies ; les entrepôts que sont Hong Kong et Singapour, les petits « Japon en herbe » que sont Taïwan et la Corée du Sud. Il n’oublie pas, bien entendu, de consacrer d’utiles développements aux réformes agraires entreprises chez ces deux derniers pays dont le succès s’est avéré indéniable, et dont maints autres, dits progressistes, pourraient bien s’inspirer.
On a attribué à l’héritage confucéen la réussite économique des pays de l’Asie du Sud-Est ; c’est en grande partie exact, encore qu’il ne faille point faire de généralisation hâtive. La Puce et le Riz témoigne de la réussite d’hommes et de sociétés dont l’aptitude au travail précis et soigné, les rapports vis-à-vis de l’autorité, de la société ou de l’éducation sont en symbiose réelle ; cela n’exclut ni tensions ni conflits, mais ils sont résorbés par un mouvement ascendant de progrès.