Ve République et défense de l’Afrique
L’Institut international pour les études stratégiques de Londres, auteur de la Military Balance, a publié en 1985 une étude intitulée « French Military Policy and Africa Security ». Le sujet traité a justifié l’adaptation en langue française de R. Manicacci réalisée par les éditions Bosquet avec le concours de la Fondation pour les études de défense nationale sous le titre : « Ve République et défense de l’Afrique »
S’appuyant sur une connaissance approfondie des réalités franco-africaines, l’auteur analyse d’abord les motifs fondamentaux qui incitent la France à maintenir en Afrique une présence jugée par certains excessive : poursuite de son action civilisatrice traditionnelle, accroissement de son audience internationale, intérêt stratégique pour l’Eurafrique. Son analyse résume bien les données essentielles de la politique africaine de la Ve République.
Poursuivant sa réflexion, John Chipman s’interroge sur les conséquences de la coopération militaire française, moyen de cette politique. Tableaux justificatifs à l’appui, il aborde le sujet sous tous ses aspects : intervention, entraînement et maintien en condition des armées nationales, formation des cadres. Il s’interroge sur la capacité de la France à conduire simultanément la modernisation de ses propres forces et l’amélioration des capacités de défense de ses alliés africains. Un choix difficile se pose en effet au gouvernement français confronté à l’Initiative de défense stratégique américaine, au renforcement des capacités nucléaires de l’Union soviétique, à son souci d’accroître la présence militaire française au sein de l’Alliance atlantique.
Selon John Chipman, la défense de l’Afrique devrait reposer de plus en plus sur des accords régionaux capables de réduire les risques de tension et de prévenir les affrontements. Le règlement du conflit récent de l’Agacher entre le Mali et le Burkina Faso est pour lui un exemple à retenir.
Il conclut que la politique africaine de la Ve République est un gage de stabilité pour le continent africain, elle réduit les capacités d’expansion soviétique, elle sert les intérêts de l’Occident. Surtout elle fait de la France l’un des meilleurs interprètes du Tiers-Monde dans le cadre du dialogue Nord-Sud. C’est un satisfecit donné à la France par un auteur anglo-saxon réputé objectif.