Les colombes rouges
Dans la foulée de la quinzaine d’ouvrages qu’elle a déjà réalisés contre le marxisme international sous toutes ses formes, Suzanne Labin vient de faire paraître un livre qui ne pourra laisser indifférents ni les pacifistes, ni leurs adversaires.
Car c’est de pacifisme dont il s’agit. Avec beaucoup de précision et de rigueur et, comme toujours, à partir d’une documentation très solide, l’auteur dresse d’abord un tableau précis de la situation internationale et de sa récente évolution, la « guerre des étoiles » venant évidemment bouleverser les paramètres d’un équilibre de la terreur hier basé sur le seul nucléaire.
Tout en mettant l’accent sur la croissance permanente et inquiétante des forces soviétiques, Suzanne Labin rappelle le cortège des entreprises pacifistes orchestrées par Moscou depuis ces 35 dernières années, de l’appel de Stockholm de 1950 aux manifestations de masse du « Mouvement de la paix » de 1984, en passant par les campagnes de 1977 contre la bombe à neutrons et par l’appel de Krefeld de 1980. Elle détaille les techniques employées : mises en scène macabres, chaînes humaines, égéries, films spécialisés, désorientation aux mains de l’éducation nationale, endoctrinement et participation des enfants, prise en main des grands mouvements confessionnels, concile œcuménique des Églises, Pax Christi : bref, tout un appareillage manipulé par des professionnels de qualité, spécialistes de l’intoxication et de la propagande collective.
Vient ensuite une analyse des différentes catégories de pacifistes. C’est un des chapitres les plus intéressants, en ce qu’il fait très bien apparaître les diverses fractions du grand public qui constituent autant de cibles privilégiées. Mais quels sont les objectifs réels du pacifisme ? Question essentielle à laquelle il est répondu, tant sur le plan militaire que sur les plans psychologique et politique.
À la mise en garde et à la dénonciation des menaces succèdent les conseils et la définition de lignes de riposte possibles. C’est alors un appel à l’esprit de défense et à l’évidente nécessité de construire une Europe forte et unie, non pas juxtaposée mais alliée (au sens plein du terme) aux États-Unis d’Amérique, dans le cadre d’une stratégie occidentale globale et cohérente, seule capable de répondre à celle que nous imposent les Soviétiques sur tous les continents. L’auteur s’en prend alors ouvertement à la « stratégie tortueuse » d’une France socialiste dont la mouvance fait le lit de nos pires adversaires et dont les axes d’effort paraissent aussi ambigus à l’extérieur qu’à l’intérieur.
Par la justesse et le fondé des arguments, par leur enchaînement et par l’explication logique des « Colombes rouges » dans le monde, nous comprenons mieux la conception puis l’utilisation de ce puissant outil de subversion, disposant d’énormes moyens financiers et visant tout particulièrement au désarmement unilatéral, tant moral que militaire, de l’Europe occidentale.
Alerte, source d’argumentation, moyen de contre-attaque : l’intérêt majeur de cet ouvrage réside dans les explications qu’il nous fournit sur les réalités tactiques et concrètes de la stratégie offensive de l’adversaire, stratégie permanente, mentale, spirituelle, sentimentale.
« Pacifisme, danger de mort ». C’est le titre de la conclusion d’un livre passionné et passionnant, dont on comprend mieux encore, après l’avoir lu, pourquoi Richard Nixon écrivait à son auteur, en 1980 : « Je vous considère comme un expert de premier ordre en matière de communisme. Nous devons tous deux continuer le combat, jusqu’à ce que les hommes au pouvoir reconnaissent le danger ».