La paix indésirable ? Rapport sur l’utilité des guerres
Cette étude de politique économique-fiction, présentée par Christian Schmidt, réédition d’un ouvrage publié déjà par le même éditeur en 1968, peut surprendre et même choquer, ne serait-ce que par son titre. En effet, bien que nous soyons parfaitement conscients que l’humanité a toujours vécu dans un « système de guerre » – c’est-à-dire en préparation de guerre, en conflit, ou relevant d’une guerre –, la morale veut qu’on œuvre pour la paix : le dernier rapport de l’Organisation des Nations unies sur les « conséquences économiques et sociales de la course aux armements » montre bien cette volonté.
Cette remarque étant faite, il est intéressant de rapprocher ces 2 ouvrages. Nous avons en effet constaté que si les recommandations de l’ONU étaient fort louables, les recherches à effectuer pour les mettre en pratique étaient encore à conduire avec beaucoup de détermination. C’est là qu’interviennent nos auteurs de politique économique fiction en s’efforçant de démontrer qu’il n’y a pas de substitut à la guerre.
Procédant avec ordre et précision, ils définissent tout d’abord la paix comme une « situation permanente, ou quasi permanente, caractérisée par le fait qu’elle serait libre de toute application, prévision, ainsi que de toute forme organisée de violence sociale ou de menace de violence ». Cette situation n’ayant pas été rencontrée jusqu’alors, ils estiment que la guerre doit être considérée comme la principale force d’organisation à l’intérieur de la plupart de nos systèmes sociaux.
Les auteurs du rapport énumèrent ensuite les fonctions de la guerre et leurs implications dans le fonctionnement de nos sociétés, dans les domaines économique, politique, sociologique, écologique, scientifique et culturel, et recherchent les substituts possibles à ces fonctions. C’est après une analyse fouillée qu’ils sont amenés à conclure qu’il n’y a aucun substitut complet au « système de guerre », et que s’il était absolument nécessaire de choisir entre son maintien et son abolition, le bon sens devrait conduire à son maintien.
Il faut bien admettre que cette étude, faite il y a près de 20 ans, connaît en ces temps-ci une actualité certaine : la détente s’est dégradée, la course aux armements a pris une ampleur démesurée, les liens entre guerre et économie se sont resserrés, les pays en développement sont dans une situation catastrophique. C’est dans un tel climat que les campagnes pacifistes trouvent naturellement de plus en plus d’échos auprès de l’opinion publique.
En tout état de cause, il apparaît effectivement utile et urgent d’entreprendre sérieusement une analyse des conséquences économiques et sociales de la paix totale, qui, peut-on le penser, compléterait l’analyse déjà amorcée sur les conséquences économiques et sociales du « système de guerre ».