La Guinée
L’année 1984 aurait dû être celle d’une consécration internationale de Sekou Touré (président de la République de Guinée de 1958 à 1984), naguère « enfant terrible » de l’Afrique. L’homme du « non » à de Gaulle et qui avait transformé son pays en camp retranché. À partir de 1978, il avait renoué avec ses pairs africains et sillonné le monde. Sans nul doute, cette évolution positive fut-elle due, en grande partie, au fait que la Guinée ait rétabli ses rapports, en 1975, avec Paris. Rétablissement des relations diplomatiques auquel André Lewin a beaucoup contribué.
Premier ambassadeur de France à Conakry, il a aimé ce pays, la « perle » de l’Afrique de l’Ouest et ne cache pas une admiration pour le dirigeant guinéen, même s’il ne dissimule pas la rigueur extrême de sa répression. Ce Que Sais-je écrit d’une plume alerte, présente à peu près tous les aspects de la Guinée : géographie physique et humaine, histoire, organisation du parti et de l’État, économie, politique, culturelle et sociale. Certes, la mort de Sekou Touré, le 26 mars 1984, aux États-Unis (beaucoup d’autres dirigeants du Tiers-Monde sont morts à Moscou, est-ce un signe d’affiliation ?) et l’établissement d’un régime militaire soucieux de rétablir libéralisme et droits de l’homme, ont rendu certains développements « historiques ». Une nouvelle Guinée se forge sous nos yeux : elle procède de celle qu’a faite ou aurait voulu faire Sekou Touré.
Ce n’était pas le lieu, ni le temps pour analyser cet étrange destin qui fut pendant 25 ans, celui de la Guinée. Mais l’ouvrage d’André Lewin suggère en filigranes quelques pistes, même si on lui reprochera, ici ou là quelques scrupules. En tout cas, une lacune est heureusement comblée : la Guinée si présente dans nos esprits n’était pas réellement connue.