Encyclopédia Universalis : Le Grand Atlas de la mer
Cet ouvrage important et fort bien illustré est l’adaptation française du Time Atlas of the Oceans publié par Times Book Limited de Londres. Mais il s’agit en fait d’une œuvre originale rédigée par des auteurs français, spécialistes des problèmes maritimes, chacun dans leur partie, et non d’une traduction littérale. La valeur du travail et l’agrément que l’on prend pour le consulter en sont considérablement rehaussés.
La préface est d’Henri Quefellec. Il termine en citant Colette disant à un enfant : « Regarde ». Ce Grand atlas de la mer nous permet de regarder ce monde extraordinaire et mal connu qu’est le milieu marin. On y trouvera nombre de précieuses informations. L’introduction est une première partie, relativement brève : « la mer et l’aventure de l’humanité ». Elle est constituée d’articles traitant de sujets aussi divers que les mythes et légendes de la mer (par Jean Randier), l’inspiration marine dans l’art (par François Bellec), la découverte des pôles (par Louis Rey), la route des Indes (par Philippe Henrat), etc.
Le corps du sujet est l’étude de l’univers marin. Une première partie est constituée par la description du milieu océanique. Guy Pautot nous décrit les bassins océaniques, Henri Lacombe, le système océan-atmosphère, Lucien Laubier, la vie marine. Nous y retrouvons en particulier la théorie des plaques qui intègre, avec d’importantes modifications l’ancienne théorie de Wegener sur la dérive des continents proposée, en 1912. Viennent ensuite les ressources de la mer où Georges Kurc et Lucien Laubier décrivent les ressources de la pêche et de l’aquaculture, Lucien Laubier les grandes zones de pêche, Alain Perrodon le pétrole et le gaz, Guy Pautot et René Bonnefille les ressources minérales et les énergies nouvelles. On ne sera pas étonné de trouver ensuite les deux inséparables, le commerce et la navigation avec les ports et terminaux, par André Vigarié, le commerce maritime par Yves Poulizac, les routes de navigation par une équipe où nous retrouvons certains de nos amis du Service hydrographique et océanographique de la Marine (dont son directeur l’ingénieur général Bourgoin) et de l’Institut français de navigation (le professeur général Hugon, l’ingénieur général Mannevy), les catastrophes en mer avec le professeur Henri Lacombe pour les risques météorologiques, Françoise Odier conseiller juridique du comité central des armateurs de France pour les autres risques et accidents. Nous relèverons dans ce domaine les exemples de « collisions » (ce qui est un anglicisme), c’est-à-dire d’abordages dont certains sont célèbres comme l’affaire du Stockholm et de l’Andrea Doria qui date de juillet 1956, ou d’échouages de pétroliers (Torrey Canyon et Amoco Cadiz).
La dernière partie est intitulée « l’homme et la mer ». Il y est traité de la pollution des mers (par F.J. Kermarec et Gérard Bellan), de l’utilisation stratégique des océans par Jean Labayle-Couhat, auteur des Flottes de combat, de l’histoire et des sciences de la mer par divers auteurs et enfin de la gestion des océans (par Philippe Potet et Patrick Seitert). Ce dernier titre, un peu vague, couvre les utilisations multiples des océans qui posent le problème d’une politique cohérente pour le milieu marin, la conservation des espèces marines, la protection des zones côtières, les problèmes que pose la mer à l’Europe (en particulier ceux de la mer du Nord), l’océan et les loisirs. Le droit de la mer est ensuite traité par Emmanuel Langavant, professeur de droit.
La conclusion de l’ouvrage est intitulée « la mer enjeu mondial », sous ses aspects juridiques (E. Langavant). commerciaux (P. Bauchet) et militaires (J. Labayle-Couhat). Viennent ensuite des appendices et des tables complémentaires qui donnent une nouvelle richesse à ce travail.
La seule inquiétude que l’on peut exprimer en refermant cet Atlas est qu’il risque de vieillir assez vite dans certaines de ses parties. Il faudra donc des rééditions assez fréquentes. On peut également regretter qu’aucun officier de marine n’ait participé à la partie stratégique. ♦