Les partis politiques britanniques, du bipartisme au multipartisme
Si Jacques Leruez, maître de recherches au CNRS (Centre national de recherche scientifique), a assuré la coordination de l’ensemble de ce travail sur la vie politique britannique, chacun des trois auteurs a écrit une partie de l’ouvrage. William Toboul, professeur à l’université de Provence, à Aix-en-Provence, a assuré le principal de l’étude des deux grands partis. Jean-Claude Sergeant, assistant à Paris III, s’est chargé de la majeure partie de ce qui concerne les autres partis.
L’ensemble du livre forme ainsi un ouvrage fort intéressant qui permet de comprendre la vie politique de ce pays qui nous est géographiquement si proche, mais si loin par la mentalité et les habitudes. L’histoire joue d’ailleurs un rôle majeur dans cette compréhension. Sans elle, il nous serait difficile de saisir pourquoi il y a des ouvriers qui votent conservateur, ou les différentes tendances qui se cachent au sein du parti travailliste, depuis les Fabiens dont faisait partie Bernard Shaw, jusqu’aux tendances les plus extrêmes. Beaucoup de gens se demandent même si ce parti est vraiment socialiste. Contrairement aux idées reçues, tous les syndicats n’y sont pas affiliés, mais le Trade Union Congress (le TUC) y joue cependant un rôle important.
Autre phénomène qui nous permet de mieux connaître ce livre, c’est l’importance, dans ce paradis du bipartisme, où le XIXe siècle a vu l’alternance entre whigs et tories, d’autres partis que les deux grands, non seulement le vieux parti libéral, débris des whigs mais aussi des partis nouveaux comme les différents partis nationalistes écossais et gallois, le parti communiste très faiblement représenté (25 000 membres), les mouvements trotskystes et les formations d’extrême-droite. Mais pas plus à gauche qu’à droite l’extrémisme ne paraît correspondre à la sensibilité politique de la Grande-Bretagne.
Les auteurs concluent que le grand mérite du système des partis outre-Manche est d’avoir permis, en acceptant d’évoluer à temps, d’abord l’intégration de la bourgeoisie d’affaires, puis celle de la classe ouvrière, ainsi que le passage du capitalisme libéral du XIXe siècle au welfare state. Sommes-nous à la veille d’une vaste mutation, ou bien des modifications de détail permettront-elles au système actuel de s’adapter ? Les auteurs se gardent de donner la réponse, mais l’esprit pragmatique de nos voisins permet de pencher pour la deuxième solution. ♦