Comme l’indique le sous-titre de son nouveau livre, c’est un « récit » que nous donne cette fois le général Fonde, avec la relation quasi quotidienne de la vie d’une compagnie du régiment de marche du Tchad, entre le moment où Leclerc, au Maroc, l’admet dans sa 2^e division blindée et celui où les survivants de l’épopée revenant du Tonkin apprennent la disparition prématurée de leur chef légendaire. Un « récit » n’est ni un ouvrage romanesque ni un essai historique, mais celui-ci s’apparente aux deux genres car les silhouettes très vivantes des combattants, leurs émotions, motivations, actions et réactions pourraient être celles de personnages de roman tout autant que de réels exécutants militaires, et la geste dont ils sont les acteurs, est rapportée avec la scrupuleuse exactitude d’un journal de marche et d’opérations, ainsi que la chaleur qui rend sensible l’ambiance du combat.

Nul doute qu’un tel livre ne soit apprécié par ceux qui y retrouveront la trace des compagnons de Fonde à la 2^e DB, dont les noms, bien connus dans leur génération, émaillent ses 350 pages. Peut-être, comme le souhaite l’auteur ainsi que la maréchale Leclerc de Hauteclocque dans sa lettre-préface, cet ouvrage révélera à des lecteurs plus jeunes ce que fut cette extraordinaire « soif de croire et de vouloir », partagée par le grand chef et par ses hommes, au service de la patrie et de la liberté. Certainement ce témoignage vivant et véridique sera précieux pour tous ceux qui recherchent une connaissance sûre des réalités militaires. Ils constateront une fois de plus que, si habilement manié que soit un outil de guerre de haute valeur, il ne remplit sa mission qu’à un prix élevé : des pertes sévères frappent les soldats de métier et les volontaires dont l’honneur a été de rejoindre la 2^e DB et de partager sa mystique. Leur succès résulte clairement de l’étroite combinaison d’une force matérielle bien adaptée aux conditions du combat de 1944-1945 et d’une force morale surpuissante ; tout épisode de lutte démontre la solidité de cette combinaison, et tout moment de répit est activement employé à la fortifier par d’incessants exercices d’entraînement qui donnent à la troupe sa redoutable efficacité entre les mains d’un commandement aussi exigeant pour elle que pour lui-même. ♦