Les États-Unis et l’Afrique : les intérêts en jeu
Ces textes ont été réunis et présentés par l’auteur sur ce sujet majeur. En fait, essentiellement préoccupés par leur engagement au Vietnam et la prolongation du conflit israélo-arabe, les États-Unis n’ont guère porté une attention soutenue au continent africain, en dehors de l’épisode congolais. Ainsi l’Afrique est restée longtemps à l’écart de la tension Est-Ouest. Washington était peut-être gêné par les guerres coloniales menées par le Portugal. Le conflit rhodésien devenait peut-être embarrassant, mais tout ceci était supportable.
Les choses ont commencé à bouger rapidement avec la révolution des œillets au Portugal, et surtout du fait des interventions cubaine et soviétique en Angola et en Éthiopie : l’Afrique devenait alors une préoccupation globale. Certes, les intérêts économiques des États-Unis sont restreints (3 % de la totalité des capitaux investis à l’étranger, 3 % du commerce extérieur), mais ils ont tendance à s’accroître. Les États-Unis ont besoin de l’Afrique (Afrique du Sud surtout) pour leur approvisionnement en certains métaux rares : le chrome (Zimbabwe), le cobalt (Zaïre), le manganèse (Gabon). Le poids des approvisionnements pétroliers en Afrique va également en croissant : 30 % des besoins actuels, dont 20 % proviennent du seul Nigeria.
Les intérêts économiques ne sont cependant pas prépondérants : les considérations stratégiques tenant à la situation géopolitique de l’Afrique, située au centre des axes de communication, le désir de contrer la pénétration soviétique, jouent un rôle essentiel dans la conduite des États-Unis dans cette région. C’est une stratégie qui n’est pas dépourvue d’ambiguïté, car il n’est pas aisé de concilier les amitiés en Afrique Noire avec la défense des intérêts de Pretoria.
Écrit juste au moment de l’accession au pouvoir du président Reagan, ce recueil d’études éclaire bien les enjeux d’un théâtre qui n’apparaît plus comme secondaire. ♦