Wars Winners
Le titre de ce livre abondamment illustré et bien présenté peut paraître un peu mystérieux même à un anglo-saxon. Les « gagneurs de guerre » dont il est ici question sont les armes qui ont vu le jour grâce à la recherche scientifique ou grâce à des inventeurs privés soutenus par une forte industrie. Cet ouvrage est la présentation historique de la manière dont ces armes ont fait leur apparition pour s’incorporer ensuite dans les panoplies possédées par les armées des différents pays du monde.
Dans un premier temps, il apparaît qu’avant 1914 et même pendant la Première Guerre mondiale, les militaires ont souvent utilisé des moyens qui avaient été produits en dehors d’eux et développés souvent contre leur avis formel. Ces moyens ont cependant eu un impact considérable pour favoriser celui des belligérants qui en faisait le meilleur usage. Ce sont par exemple le chemin de fer, la radio, la mitrailleuse, le char d’assaut, l’avion. On constate d’ailleurs que l’idée était bien souvent en l’air depuis très longtemps, mais que la réalisation a dû attendre un saut technologique la rendant possible, comme le moteur à combustion interne pour l’avion. La supériorité acquise par un pays qui utilise le premier un moyen de ce genre, n’est acquise que temporairement, et l’engagement prématuré, en petites quantités, d’un matériel révolutionnaire peut être plus dommageable qu’utile. Il provoque chez l’adversaire la mise au point de contre-mesures efficaces, ou son adoption avec des perfectionnements. C’est le cas, entre autres, du tir à travers l’hélice des avions de chasse de la première guerre mondiale. En même temps, l’introduction d’un nouveau matériel pose aux militaires de redoutables problèmes intellectuels. Ils doivent trouver une doctrine d’emploi traduisant les caractéristiques techniques de l’arme et adaptant l’homme à sa nouvelle machine. Ils doivent aussi voir dans quelle mesure la stratégie peut être modifiée par une utilisation suffisamment importante.
La Seconde Guerre mondiale a vu se développer une véritable intégration du monde militaire et du monde scientifique, sous le poids de la nécessité. Cette intégration a été mieux réalisée par les Alliés que par les nations de l’Axe, et s’est accompagnée d’une collaboration américano-britannique. Ainsi a été rattrapée la faible avance que possédaient les Allemands en 1940, en particulier grâce à la mine magnétique. Ainsi se sont développés nombre de matériels, en particulier les radars en ondes centimétriques grâce au magnétron à cavités. Le débarquement de Normandie a été facilité par d’immenses ports artificiels. Hitler a réagi, « trop peu et trop tard », avec les armes V et l’avion à réaction. Dans le Pacifique, les task forces de porte-avions ont été des systèmes complets composés de bâtiments de surface, d’avions et d’équipements électroniques. D’autres moyens, d’apparence plus modeste, ont également joué leur rôle, par exemple la pénicilline, la fusée de proximité. La vedette en fin de tableau est bien évidemment la bombe d’Hiroshima.
Le monde actuel est dominé par la technologie des fusées valorisant celle des armes nucléaires et thermonucléaires. L’auteur se demande quels seront les progrès scientifiques et techniques qui viendront fournir de nouveaux moyens aux militaires. On est surpris de voir qu’il passe sous silence la révolution apportée par l’informatique pour l’exercice du commandement. Il penche vers l’emploi des moyens chimiques et bactériologiques et vers la guerre psychologique. L’ouvrage n’en est pas moins intéressant par le tableau général qu’il présente, même s’il reste au niveau de la grande vulgarisation. ♦