Philippe Rondot, comme son père Pierre Rondot, est un spécialiste des pays de l’Islam. Ce petit livre sur la Jordanie fait suite à d’autres, par le même auteur, sur la Syrie et l’Irak. Il étudie ce pays si particulier, dont l’histoire officielle ne commence qu’en 1947-1948, succédant à la Transjordanie, elle-même morceau arraché en 1918 à ce qui fut l’empire ottoman. C’est aussi une région très ancienne, constituant un État maintenant rejeté à l’Est du Jourdain depuis la guerre de 1967, mais gardant une fenêtre sur la mer Rouge par le golfe d’Akaba.

Ses 3 millions d’habitants comportent une majorité de Palestiniens, les Bédouins constituant le soutien majeur de la monarchie hachémite, avec également des communautés très diverses, Kurdes, Persans baha’is, Turcomans, Soudanais, mais aussi des Circassiens, surtout Tcherkesses, ayant fui le Caucase au XIX^e siècle.

Ce territoire, aux frontières artificielles, a vu passer tous les conquérants. Il a été fortement marqué par le mandat britannique. Autour du roi Hussein se déroule une vie politique compliquée, traversée de crises internes et marquée par des relations difficiles avec le voisin israélien, l’OLP et les autres pays arabes.

Philippe Rondot nous décrit les institutions, l’organisation administrative et sociale, les multiples courants qui parcourent cette Nation, qui restent le plus souvent cachés mais dont beaucoup sont communs à tout le monde islamique. 87 % de la population est sunnite, mais musulmans et chrétiens cohabitent sans discrimination. L’armée jordanienne est d’origine bédouine et jouit d’un régime de faveur. L’économie a été bouleversée en 1967, principalement par la perte de la riche Cisjordanie, l’afflux des réfugiés palestiniens dans un territoire restreint et à 87 % désertique, les affrontements de 1970 et la guerre d’octobre 1973. Aux difficultés de l’agriculture s’ajoutent celles d’un secteur industriel faiblement développé.

Le livre de Philippe Rondot couvre ainsi un pays placé dans une situation difficile dont le problème majeur est celui des Palestiniens et de la place de la Jordanie dans le conflit israélo-arabe. Il pose donc nombre de questions brûlantes, dans une région agitée depuis des millénaires. ♦