Bis 2000
Ce livre pourrait avoir comme titre : Mise en garde de l’Occident. Dans une première partie, Ferdinand Otto Miksche brosse un vaste tableau des 4 mondes, le quatrième monde étant constitué par les riches pays producteurs de pétrole. Dans une deuxième partie, il décrit les « foyers de crise de la politique mondiale ». Dans une troisième partie, il relate le déroulement d’une crise fictive.
L’Occident, divisé, est rongé par des maux intérieurs, surtout d’ordre moral. Par ses erreurs, il favorise l’expansion du bloc de l’Est qui, pourtant, présente de multiples faiblesses. Pour Moscou, « la détente n’est qu’une autre forme stratégique de la lutte anti-impérialiste ».
Ses objectifs seraient, en Europe occidentale :
– d’empêcher son unification ;
– de provoquer la ruine du capitalisme, la dislocation de l’Otan et l’expulsion des Américains ;
– de neutraliser la RFA pour l’intégrer ensuite « pacifiquement » à sa sphère d’influence.
En Europe du Sud-Est, il s’agit par contre de contrôler la péninsule balkanique, de neutraliser la Turquie afin de permettre à l’escadre de la mer Noire d’accéder librement à la Méditerranée.
Le « rôle véritable (de son système militaire) ne consiste ni à dissuader d’éventuels agresseurs… ni à attaquer l’Occident mais, par sa capacité offensive, à exercer sur les pays membres de l’Otan, une pression paralysante et à permettre ainsi à l’échelon mondial une politique soviétique souple et offensive ». Les pays du Tiers-Monde, pour la plupart réduits à l’état de chaos depuis la décolonisation, offrent un terrain d’élection aux menées soviétiques. Dans le cadre de l’ONU, l’URSS soutient le pressure group des 106 États qui visent à instaurer un nouvel ordre économique mondial. L’auteur évoque la redoutable puissance du « Quart-Monde », où notre destin pourrait se jouer, ainsi que la crise de l’énergie.
La deuxième partie du livre débute par une analyse de la « stratégie subversive et indirecte » de Moscou. Cette « dernière s’efforce d’agir par des moyens politiques, avant tout par des méthodes de combat psychologique… de lutte idéologique ». Nous sommes désarmés devant ce type d’agressions qui, souvent, ne sont pas considérées comme telles par le droit international.
Puis l’auteur s’interroge sur les causes possibles d’une « troisième grande guerre ». « Une nouvelle grande guerre, qui s’étendrait également à l’Europe, ne peut être provoquée que par les 2 superpuissances – États-Unis et URSS – si des intérêts vitaux de l’une ou de l’autre partie étaient menacés ou considérés comme tels ». Les principaux foyers de crise qui pourraient lui servir de détonateur seraient le Proche et le Moyen Orient ainsi que les régions riches en matières premières situées au Sud de l’équateur.
Mais ce triomphe de l’URSS n’est sans doute qu’éphémère. Il arrivera un moment où celle-ci sera incapable de maîtriser les passions qu’elle éveille dans le Tiers-Monde. Elle aura à affronter des problèmes épineux : celui des minorités nationales et en particulier des minorités islamiques vivant sur son territoire, le problème chinois (du reste, la puissance sino-japonaise inspire à Ferdinand Otto Miksche quelques craintes). En raison du caractère « global » de la menace, le Pacte Atlantique est inadéquat. Il convient de le réformer, de substituer à la « stratégie passive de la dissuasion » une stratégie destinée à soutenir une politique plus active, et miser non pas tant sur les armes nucléaires que sur les forces conventionnelles. Le nombre des divisions de l’Otan devrait être porté à 60.
Mais surtout l’auteur préconise l’intégration politique et militaire de l’Europe occidentale. ♦