Dans l'allocution (voir chronique « Défense en France ») qu'il a prononcée le 14 septembre en présidant à l'ouverture de la 29e session de l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), M. Raymond Barre a exprimé le souhait que la réflexion sur les rapports entre l'économie et la défense soit approfondie. C'est à l'élucidation de ces rapports que répond le présent article, qui définit les lignes directrices d'une méthodologie permettant d'en mener l'étude.
Pour une intégration des dépenses militaires dans la stratégie économique de la nation
Les économistes ont manifesté peu d’intérêt pour les questions militaires. Les militaires, quant à eux, ont toujours répugné à voir les impératifs de défense subordonnés à des considérations économiques ou limités par elles. Dans ces conditions, parler d’intégration des dépenses militaires dans la stratégie économique et financière de la nation peut paraître illusoire ou provocateur. Pourtant, il est clair — même aux yeux de l’observateur le moins averti — que l’activité des armées est directement liée à des données budgétaires et, par voie de conséquence, à l’économie nationale.
Cette constatation n’a cependant pas été analysée dans toutes ses implications et a parfois donné lieu à des interprétations, sinon erronées, du moins contradictoires. Témoins en sont les récents débats sur la programmation militaire 1977-1982 : les réserves, voire les critiques, formulées à son encontre ont dans l’ensemble tourné autour de la question centrale que, faute de pouvoir dégager les ressources nécessaires, il était indispensable de faire des choix dans la panoplie des armes que notre pays pouvait s’offrir. L’on retrouve la même préoccupation dans un récent ouvrage du général Gallois (2), qui conclut en faveur d’une certaine conception de la défense (la « sanctuarisation » du territoire national) et d’un certain type d’organisation des armées (l’« armée de métier »).
Ne serait-ce donc qu’en raison des conséquences politiques et stratégiques que tirent les experts, la nature des rapports entre l’économie nationale et le secteur de la défense doit être précisée, faute de quoi le problème fondamental de la place à accorder à la défense dans la nation continuera à être mal posé et à alimenter des querelles souvent stériles.
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