L’aventure marocaine. Récit vécu
Une aventure originale, vécue par un non-conformiste et brillamment racontée par lui, c’est, pour un roman, une garantie de succès. L’Aventure marocaine du lieutenant Perrin ne faillit pas à la règle. Elle a de plus la supériorité d’être une histoire vraie, dans sa trame, dans son cadre géographique et humain, dans la conjoncture politique et militaire où elle se situe.
En 1955, au moment où le Maroc engage un effort décisif pour atteindre à une indépendance réelle, le lieutenant Perrin est affecté, dès son retour d’Indochine et sans formation préparatoire aucune, à un poste des Affaires Indigènes perdu à l’extrême sud du pays, près des frontières de l’Algérie et de ce qui est encore le Rio de Oro espagnol. Il s’adapte en quelques semaines, devient un méhariste convenable, un arabisant à l’aise avec ses hommes et les nomades qu’il administre. Il s’attache à ce point à ce pays rude et désolé, à son climat et à ses habitants, qu’il accepte, cette première mission interrompue contre son gré, une nouvelle mission aussi ambiguë que dangereuse, à la frontière algéro-marocaine, non loin de Tindouf. Les conséquences de ce choix ne se font pas attendre : à la première véritable imprudence, il est fait prisonnier par les Marocains : il va le demeurer plus de 6 mois sans que la France soit jamais informée de son sort… et sans qu’il perde, ce qui est une performance, ni son moral ni son aplomb.
Pour vivante et bien menée qu’elle soit, pourquoi nous intéresser, dans cette Revue, à son histoire ? Tout simplement parce qu’elle est réaliste et actuelle. Réaliste quant à la déchirante situation des petits cadres engagés auprès de la population à l’heure de toute décolonisation, et quant à l’efficacité du chef qui vit assez totalement sa mission au point de lui sacrifier sa carrière. Actuelle, parce qu’elle se déroule dans le cadre ou le Front Polisario livre aujourd’hui la guerre au Maroc, et qu’elle nous restitue ce cadre de manière à nous faire juger correctement du caractère très particulier de cette lutte.
Toutes raisons qui suffisent à en recommander la lecture. ♦