L’Union soviétique et les Allemagnes
La guerre froide puis la détente sont les deux lignes de force de l’histoire de l’après-guerre. L’auteur en relate l’aspect essentiel : le problème allemand, et retrace l’évolution de la position soviétique à son égard.
Si des traités de paix ont été assez vite conclus avec les satellites de l’Allemagne, il n’en fut rien avec le Reich vaincu. Les quatre grandes puissances ne purent se mettre d’accord sur son sort. L’échec des conférences de Moscou et de Londres de 1947 engendra la guerre froide et la division de l’Allemagne en deux. La République démocratique allemande (RDA) fut organisée sur le mode totalitaire. Quant à la République fédérale d’Allemagne (RFA), elle devint une démocratie au sens occidental du mot. Soustraite à toute emprise soviétique, choyée par les États-Unis, elle fut solidement amarrée au bloc de l’Ouest. Sous réserve des problèmes de la compétence des vainqueurs (Berlin, futur traité de paix, réunification éventuelle) nous voici donc en présence de deux États allemands souverains, chacun inclus dans l’un des deux blocs hostiles.
L’affrontement atteint une acuité particulière pendant les années 1958-1962 où les deux camps s’affrontent sur le sort de Berlin. L’URSS entend transférer à la République démocratique allemande son droit d’occuper le secteur Est de la ville et prétend que le Grand-Berlin devra constituer une ville libre placée sous le contrôle de l’ONU.
Khrouchtchev somme les Occidentaux de donner leur accord. Mais ceux-ci refusent tout compromis et l’ultimatum fait long feu, sans que, pour autant, la guerre froide se termine. La construction du mur de Berlin renforce encore la coupure.
Et pourtant on s’oriente vers la détente. La solidité des Occidentaux fait réfléchir Moscou. Les États-Unis commencent à s’engluer en Extrême-Orient. La démocratie chrétienne perd le monopole du pouvoir, en attendant de perdre le pouvoir lui-même ; et la RFA, renonce à sa prétention de parler au nom de l’Allemagne entière et d’ignorer sa voisine. L’Ostpolitik est menée par les sociaux-démocrates sans désemparer. Nous en connaissons les étapes : traité du 12 août 1970 entre la RFA et l’URSS : reconnaissance réciproque des deux États allemands, bientôt admis à l’ONU ; traités conclus par la RFA avec la Pologne et la Tchécoslovaquie, définitivement tranquillisées quant à leurs frontières : accord des quatre grands sur Berlin : reconnaissance de la RDA par les États occidentaux sans que la RFA trouve à y redire.
L’histoire des trente années 1945-1975, l’auteur l’aborde essentiellement sous l’angle de la politique soviétique à l’égard de chacune des deux Allemagnes. Tout en renfonçant la RDA et l’intégrant dans son orbite, l’URSS prend son parti de l’appartenance de la RFA au bloc occidental ainsi que du statut de Berlin. Elle ne paraît pas vouloir remettre en question l’équilibre européen.
L’étude approfondie de Renata Fritsch-Bournazel constitue une contribution des plus utiles à la compréhension d’un problème crucial. ♦