Aux urnes l’Afrique ! Élections et pouvoirs en Afrique noire
Œuvre collective, cet ouvrage s’insère dans la collection de l’éditeur immédiatement après l’étude du professeur Dimitri-Georges Lavroff sur les « systèmes constitutionnels en Afrique noire francophone ». On est ainsi tenté de la considérer d’emblée comme le développement détaillé d’un des aspects de la vie constitutionnelle africaine. En fait il n’en est rien. D’abord parce que les auteurs ne prétendent pas épuiser la matière qu’ils ont choisi d’analyser, ensuite parce que leur ambition est de démontrer la complexité du processus électoral en Afrique. Leur méthode consiste en des études de cas et à la comparaison de ceux-ci.
Les pays ainsi étudiés nous semblent particulièrement bien choisis : quoi de commun entre l’héritage institutionnel du Sénégal et du Kenya, du Cameroun et de la Tanzanie ou de la Zambie ? Ici le système du parti unique, là le pluralisme, mais le parti unique n’exclut pas les rivalités de factions et le pluralisme ne fonctionne pas selon le modèle occidental. Le mérite de cet ouvrage est de nous montrer la singularité politique de l’Afrique noire, d’insister sur les facteurs qui donnent quelque dynamisme à des élections pouvant apparaître aux yeux de l’observateur lointain et distrait comme des plébiscites, d’éclairer les rôles respectifs de l’administration, du parti, des candidats et, bien sûr, de l’électeur. On perçoit dès lors combien les élections africaines mettent en jeu tout autre chose que de simples règlements juridiques et l’on voit de quelle manière elles parviennent à inciter la population à participer à une authentique activité politique. En Afrique moins qu’ailleurs les mécanismes ne suffisent pas à tout expliquer, et ce livre, parfois ardu, rend bien compte de cette réalité. ♦