Saumur. Historique de l’École d’application de l’armée blindée et cavalerie
Qui dit cavalerie dit chevalier. Il est de bon ton aujourd’hui de sourire à l’évocation du panache ; comme si cette noblesse du comportement était incompatible avec le sérieux ! Comme si le goût du risque gâtait quelque peu le caractère d’implacable logique de l’ingénierie ! Une école, de nos jours, inculque à longueur d’année à de jeunes officiers que la perfection dans l’accomplissement de la mission est compatible avec le brio de son exécution, que la peine prise à la mise au point de l’engin blindé et de son système d’arme est la condition indispensable de la réussite de l’opération, que le panache, l’esprit cavalier, cela s’apprend, cela s’acquiert et que cela peut servir…
Et cela a servi, en 1940 par exemple, à sauver l’honneur sur les ponts de la Loire. Cela a servi aussi en 1944, dans une chevauchée héroïque pour libérer Strasbourg…
Le panache, c’est à Saumur qu’on en détient encore aujourd’hui la recette. C’est ce que nous rappelle l’ouvrage que consacre le général Durosoy à une École chère au cœur de tout cavalier, de tous les chevaliers modernes qui viennent y recevoir l’adoubement de l’arme blindée. L’auteur, ancien commandant de l’École, s’attache à en retracer l’histoire et à en faire revivre les grandes traditions depuis l’âge du cheval jusqu’aux techniques les plus modernes qui sont à l’avant-garde de l’armée d’aujourd’hui. L’école recèle un musée riche d’uniformes, d’armes, d’équipements propres à illustrer l’épopée de la cavalerie française ainsi qu’un musée des blindés unique au monde. Saumur c’est aussi l’École nationale d’équitation, civile maintenant et séparée de l’École de l’ABC (arme blindée cavalerie).
On n’en finirait pas de citer tous les hauts faits rappelés par l’ouvrage du général Durosoy. Pour ne citer qu’un seul nom, parce qu’il est le patron de ma promotion de Saint-Cyr, qu’il me soit permis de rappeler le souvenir du capitaine Henry de Bournazel, « l’homme à la veste rouge » – celle des spahis d’alors – tombé héroïquement au Maroc en février 1933. Il s’était engagé en 1916 à 18 ans ! Bournazel : un cavalier passionné, un chef ardent suscitant la confiance et le dévouement, un chevalier ! Puisse Saumur nous donner beaucoup de modernes Bournazel. Nous en avons bien besoin ! ♦