Napoléon et la noblesse d’Empire
Poursuivant la publication de ses études napoléoniennes, Jean Tulard nous donne, dans cet ouvrage, une liste complète des membres de la noblesse impériale (1808-1815), précédée d’un tableau très fouillé des raisons qu’eut l’empereur de l’instituer et des conditions de sa création, de son mode d’existence et de son destin : problème qui retiendra l’attention de ceux qu’intéresse cette tentative de l’empereur. Issu d’une Révolution égalitaire et d’un consensus populaire, celui-ci chercha à constituer autour de son trône, que l’ancienne aristocratie dans sa quasi-totalité tenait pour usurpé, le rempart de 3 200 nobles nouveaux, recrutés d’après les services rendus ou à rendre à l’État, attachés par les titres et par l’argent au souverain et au système impérial mais ne témoignant à l’un et à l’autre dans l’adversité qu’une fidélité réduite, limitée par un opportunisme politique très général.
Est-il vrai, comme l’écrivait à propos de cette noblesse Madame de Rémusat, qu’« il est commode de gouverner les Français par la vanité » ? Le prestige du chef militaire et politique passe-t-il nécessairement par la composition « d’un extérieur, d’une certaine gravité, en un mot d’une étiquette », donc par le port d’un masque dont Napoléon a cru devoir revêtir le vrai visage du pouvoir ? ♦