Mourir pour Cao Bang
En se proposant de reconstituer ce que fut au mois d’octobre 1950 le désastre militaire de la Route coloniale n° 4 – celle qui longe la frontière chinoise dans le Nord du Tonkin entre Cao Bang et Lang Son – Marc Dem, journaliste et écrivain, ne s’étend malheureusement pas beaucoup sur les sources auxquelles il a pu avoir accès. Il se borne à mentionner, dans la dédicace, l’aide qui lui a été apportée par la lecture des mémoires (inédites ?) du colonel Pierre Charton, l’un des principaux protagonistes du drame. Ni dans le texte, ni à la fin du volume, on ne trouve la moindre indication bibliographique, ni la moindre allusion à d’autres témoignages ni à un quelconque document.
Nous ne faisons nullement cette remarque pour condamner l’ouvrage, mais simplement pour mettre en garde les lecteurs sourcilleux qui se méfient de tout récit historique ne s’appuyant pas sur des faits précis, solidement établis et recoupés. Dans le cas particulier cependant, il semble bien que le cadre général espace-temps dans lequel se situent les épisodes évoqués soit, pour ce qui le concerne, correctement bâti. Mais quant au contenu de ces épisodes, notons que leur pittoresque quelque peu folklorique, leur coloration vive et parfois criarde, leur intensité dramatique souvent irréelle, doivent certainement beaucoup à l’imagination de l’auteur.
Mais pourquoi pas, après tout ? À défaut d’une vérité historique rigoureuse, la vérité psychologique du récit, qui est beaucoup mieux qu’approximative, ne justifie-t-elle pas une entreprise qui a surtout pour but d’exalter le courage et l’abnégation d’hommes qui, placés dans une situation désespérée, surent combattre et mourir avec héroïsme pour l’honneur de leur drapeau ? ♦