Le Bal des Ardents, Charles VI / Le Roi Empoisonné. La vérité sur la folie de Charles VI
Deux livres sur Charles VI (1350-1422) viennent de paraître. Le premier est de Pierre Gascar, le romancier bien connu, le second du Docteur Jean-Claude Lemaire, un passionné d’histoire aujourd’hui disparu.
Les deux auteurs ont des thèses opposées quant à « la folie » de Charles VI qui commence en 1398. Pour Pierre Gascar, le roi est un schizophrène ; pour le Docteur Lemaire, c’est un homme que l’on empoisonne à l’atropine, substance bien connue des « médecins » du Moyen-Âge. Il est à noter cependant que tous deux sont d’accord sur le diagnostic de la période : misère du royaume de France que les parents du roi renforcent par leur ambition et leur cupidité. Ces derniers sont bien connus ; tout d’abord ses oncles : Philippe le Hardi duc de Bourgogne, Jean duc de Berry, Charles duc d’Anjou, ensuite son frère Louis d’Orléans, enfin son épouse Isabeau de Bavière, femme de tempérament et d’argent. Tous ont des partisans recrutés parmi la noblesse mais aussi dans la population de Paris qui se révolte, ce sont les Maillotins et les Cabochiens.
L’effondrement du royaume commence réellement en 1407 avec l’assassinat de Louis d’Orléans par Jean sans Peur, fils de Philippe le Hardi. Dès lors, c’est l’affrontement entre les Armagnacs et les Bourguignons. Ces derniers font appel au roi d’Angleterre Henri IV qui prétend avoir des droits sur la couronne de France.
L’assassinat de Jean sans Peur en 1419 par les partisans du Dauphin relance la guerre civile. En 1420, au Traité de Troyes, Charles VI, poussé par Isabeau, donne la couronne à Henri V d’Angleterre. Charles VI meurt en 1422 dans le plus complet dénuement.
Les luttes partisanes, les ambitions personnelles, une noblesse qui ne remplit plus ses fonctions ont conduit en vingt-deux ans à la ruine de l’édifice patiemment construit par les Capétiens.
Voilà deux bons livres qui se complètent et dont l’analyse ne pouvait qu’être commune. Il est à remarquer toutefois qu’ils ne permettent pas de conclure sur la nature de la folie de Charles VI. En effet, Pierre Gascar s’est heurté à la fragilité des sources, le docteur Lemaire quant à lui n’a pu se livrer à une autopsie. Le problème demeure entier. ♦